Neues Deutschland

Les Allemands restent sceptiques

Une enquête révèle la profonde méfiance des citoyens de la Confédération allemande à l’égard du traité pour l’Union européenne

Tandis que la Cour constitutionnelle fédérale est actuellement en pourparlers concernant le traité pour l’Union européenne sujet à controverse, un large rejet des travaux concernant celui-ci se profile de la part de la population allemande. L’un des groupes de gauche du Bundestag soulève le scepticisme des citoyens en s’appuyant sur un sondage récent : 70 % des personnes interrogées se prononcent en faveur d’une renégociation du traité de Lisbonne.

Comment expliquer au citoyen européen lambda que la libre concurrence devra toujours être prioritaire par rapport aux mesures socio-politiques ?

Certains juges de la Cour constitutionnelle ont eux-mêmes dû se faire expliquer par des spécialistes les travaux très confus concernant le traité, lors des premiers pourparlers pour la réforme de l’Union européenne en février. Les représentants du gouvernement fédéral favorables à cette cause ont également eu du mal « à interpréter les normes obscures absurdes de sorte à les rendre un tant soit peu sympathiques pour le Parlement », comme l’a observé un rédacteur de l’hebdomadaire « Die Zeit ». Quelques passages requièrent d’ailleurs une explication sérieuse quant à leur contenu. Par exemple, comment expliquer au citoyen européen lambda que la libre concurrence devra toujours être prioritaire par rapport aux mesures socio-politiques ? Ou encore que les pays de l’UE ont l’obligation de développer leurs capacités militaires ? Les partisans de l’UE, eux-mêmes, ont eu besoin d’explications. Il n’est par conséquent guère étonnant que les juges de Karlsruhe aient fait part à haute voix de leurs réserves au sujet du traité. Le traité priverait en effet la Cour constitutionnelle de quasiment tous ses pouvoirs. Un rejet total du traité de Lisbonne semble peu probable, mais il n’est pas exclu que Karlsruhe demande un référendum.

73 % des citoyens allemands craignent que « l’Union européenne n’enlève trop de pouvoir à l’Allemagne ».

Un véritable cauchemar pour les hommes politiques allemands. En effet, le traité pour l’Union européenne reste extrêmement peu populaire auprès de la population, comme le montre une enquête récente de l’institut de sondage Emnid. 70 % des personnes interrogées demandent en effet que le traité controversé soit renégocié. La priorité à la libre concurrence définie dans le traité en inquiète plus d’un. 74 % des citoyens allemands souhaitent en effet que les droits des salariés et le principe de l’état social priment sur la liberté de concurrence et de commerce.
Pour la GAUCHE, qui conteste également le traité pour l’Union européenne « néolibéral et radical en termes de marché » auprès de Karlsruhe, le sondage est une preuve supplémentaire de l’inquiétude de la population allemande. Les deux hommes de gauche, Lothar Bisky et Diether Dehm demandent donc au gouvernement fédéral de « démêler et revoir » le traité controversé. C’est la seule manière de mener une majorité de la population vers une « Europe pacifique, juste sur le plan social, démocratique et écologique ». Bisky et Dehm citent à cet égard un sondage de l’institut Forsa : 73 % des citoyens allemands craignent que « l’Union européenne n’enlève trop de pouvoir à l’Allemagne ».
Les citoyens se sont jusqu’ici sentis ignorés - et surtout mal informés : 84 % des personnes interrogées par l’Emnid ont ainsi affirmé être mal ou très mal informées sur les contenus des traités pour l’Union européenne précédents. Il n’est par conséquent pas étonnant que 73 % des personnes interrogées déclarent ne pas avoir pris connaissance de l’obligation des États d’« améliorer leurs capacités militaires » définie par le traité de Lisbonne. La majorité des personnes interrogées se dit plutôt favorable à un remplacement du décret d’armement par une « obligation de désarmement ».
Ceci étant, les citoyens allemands ne se désintéressent pas des thèmes concernant l’Europe, dans le fond. 60 % des personnes interrogées ont même déclaré s’intéresser à la politique européenne. La participation aux élections n’a pourtant pas montré cet intérêt, à ce jour. Lors des dernières élections européennes de 2004, la participation ne fut que de 43 %.

Fabian Lambeck
Traduction : Corinne Boutry

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