Humaginaire.net : pour un nouvel imaginaire politique (chantier)

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vendredi 14 mai 2010

Vietcong, par Roberto Ferrucci (et ensuite, un « dialogue » avec la Ligue du Nord)

« La guerre est finie depuis 65 ans.
Alors pourquoi, tous les 25 avril
(anniversaire de la Libération en Italie, NdT),
l’association nationale des résistants
italiens (Anpi) continue-t-elle
à alimenter la polémique ?
L’Anpi est comme les Vietcong,
il faudrait l’avertir que la guerre est finie.
Je me demande quel sens cela a
de faire de la politique sur le dos
des morts et quel exemple
nous voulons donner aux gamins
en exaspérant la division
entre la droite et la gauche. »
Luca Zaia, président (Ligue du Nord)
de la région Vénétie,le 24 avril 2010.

Le déclin linguistique et la régression historique, aujourd’hui, dans mon pays, l’Italie, filent à une allure qui paraît définitivement irréfrénable. Invincible. Ce qui serait nécessaire, aujourd’hui, c’est une lutte de partisans, de résistants, pour défendre les mots et l’Histoire. Une lutte lexicale, pas une lutte armée, évidemment. Une lutte maquisarde, entêtée, qui, à chaque hérésie, à chaque mensonge, à chaque idiotie, serait prête à répondre avec ce que la parole exacte, précise, peut faire de plus pur : remettre à sa place la vérité.

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Trous de balle dans le pied

Tiens, tiens, voici, voilà une forme de lutte qui plaît beaucoup au quotidien Libération: gorges chaudes ce matin, une page complète et un couronnement dans la revue de presse de France Inter – la classe ! Chez Thalès, quelqu’un a mis en ligne un petit film pour dénoncer le patron qui n’est rien qu’un dictateur cassant la motivation du personnel. « Une vidéo désopilante», nous promet-on.

(Vous n'êtes pas obligé d'aller au bout, sauf si vous aimez l'Internationale en russe, bien entendu) Faut-il vraiment commenter, autrement qu'avec une chanson engloutie, en tout cas à Libération, une chanson désopilante ?

Les nouveaux partisans, chanson de Dominique Grange, avec Oreste Scalzone dans le chœur (extrait)

lundi 10 mai 2010

Affaires patriotiques

Tout va super bien, au cas où ça vous aurait échappé. A Parthenay, dans les Deux-Sèvres, le maire (Nouveau Centre) a finalement lu lui-même, le 8 mai, lors des cérémonies commémorant la victoire des Alliés sur les nazis, une lettre écrite par l’ancienne déportée Ida Grinspan. Fin avril, dans le cadre de la Journée nationale du souvenir des victimes et héros de la déportation, la lecture publique de ce courrier, témoignant notamment de l’arrestation par trois gendarmes français d’une adolescente juive de 14 ans dans la famille où ses parents l’avaient placée pour la protéger, avait été exclue catégoriquement par les autorités municipales. Il y a deux semaines, le maire justifiait son geste : « Ce serait bien qu'on évite de stigmatiser une profession dans sa globalité, qu'on évite le mot gendarme ». Dans un premier temps, la professeur d’histoire-géo qui avait demandé à Ida Grinspan d’écrire la lettre incriminée a accepté de remplacer le mot gendarmes par le mot hommes, mais au bout du compte, ce sont le maire et son adjoint aux affaires patriotiques (sic), lui-même gendarme à la retraite, qui ont argué qu’il n’y avait « pas le temps de refaire une autre lettre ». Depuis, l’affaire a fait un peu de bruit, mais pas trop. Et à Parthenay, le premier des édiles a reconnu une maladresse.

Sinon, à part ça, le week-end prochain, sur le plateau des Glières, en Haute-Savoie, se tient le rassemblement organisé par les Citoyens Résistants d’hier et d’aujourd’hui. Il fera beau, là-bas…

mardi 04 mai 2010

« Si le peuple avait su, il ne se serait pas laissé couper sa tartine comme un enfant »

« Que reste-t-il de l’Ancien Régime ?

Meubles anciens, rideaux, patrimoine, la bourgeoisie a gagné en bas de laine ce que le peuple n’a jamais conquis… à qui la faute ?

A ceux qui gardent ou à celui qui jette ?

A l’origine de l’aristocratie, quelques chevelus venus des steppes envahissent la Gaule. L’un d’eux épouse une catholique et fonde une lignée.

Les moustaches blondes, la tunique, le sabre, tout vous rappelle Astérix, mais contrairement à Astérix, Clovis a existé, fondé une famille, et les membres de cette famille se sont mêlés dans le même sang.

Lorsque la particule tombe, n’ayant été personne, vous devenez quelqu’un, vous avez le sens de la spéculation.

La bourgeoisie est gagnante, et le sans-culotte devient au mieux mineur, magasinier, saisonnier. La bourgeoisie prospère sur les espérances du peuple, elle rachète les terrains des ducs. Si le peuple avait su, il ne se serait pas laissé couper sa tartine comme un enfant.

(Malheureusement, ceux qui font la loi la font pour eux).

Si vous teniez à l’Ancien Régime, il fallait garder vos rideaux et vos napperons. »

Extrait de La Révolution dans la poche, la réjouissante visitation de 1789 et de 1793 surtout, imaginée et écrite par Véronique Pittolo, publiée aux éditions Al Dante, fin 2009, quelques mois avant qu’en Grèce, on décide de glisser la douloureuse aux classes populaires.

mardi 27 avril 2010

Vice-versa : Silvio Berlusconi désire la même boisson diététique que toi ?

C’est un roman excellent, Ça change quoi, le livre de Roberto Ferrucci qui paraît ces jours-ci au Seuil, dans la collection Fiction & Cie. J’ai rencontré son auteur pour un entretien publié mardi dernier dans L’Humanité (lire les annexes ci-dessous). L’« action » se déroule à Gênes pendant les journées de protestation contre le G8 en juillet 2001. Tout a été dit, prouvé – et, à sa manière, par la fiction, l’écrivain italien participe au mouvement pour la vérité et la justice sur le G8 ensanglanté de Gênes -, mais en fait, dans les représentations passées au tamis de la connotation et des préjugés, aujourd’hui, tout paraît beaucoup plus confus. Envie de prolonger, du coup, avec quelques considérations accidentelles sur l’Italie, la France, les images, les mots et la politique.

1. Dans Vice-versa, un bref texte publié le 7 août 2001 dans le quotidien il manifesto, un autre écrivain italien, Erri De Luca, avait déjà vu juste : « La police proteste : ces vidéos / s’avèrent montées à l’envers, / en les mettant dans le bon ordre / on voit les têtes, les corps, les membres / frapper les matraques avec violence / de bas en haut / et le sang qui était répandu déjà / rentrer à sa place dans le communiste. / On voit même un crâne qui, depuis la terre, / plonge la tête la première contre la chaussure / du fonctionnaire pris à contre-pied. »

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vendredi 19 mars 2010

De l'hécatombe dans les luttes

Préparant, pour le début de la semaine prochaine, une enquête sur le « climat social » dans la Loire, au lendemain du second tour des élections régionales et à la veille de l’appel à la mobilisation intersyndicale du 23 mars, voilà que je tombe, jeudi, sur un « scoop » des Petites affiches de la Loire : cet hebdomadaire publie des extraits édifiants d’une feuille de route dressée par un spécialiste du nettoyage patronal à l’intention de la direction de Siemens VAI MT qui, selon la formule consacrée à raison, le stipendie. Rédigé en février par un consultant de BPI, un cabinet qui œuvre dans le conseil en stratégies de changement pour les entreprises, et circulant visiblement sous le manteau depuis des semaines dans les rangs des salariés et de la presse (puisque l’hebdomadaire de Lutte ouvrière en avait déjà livré de longs extraits le 12 mars dernier), le document constitue un modèle de cynisme entrepreneurial achevé, mais courant – on le redoute –, lors de la délocalisation et la fermeture d’un site industriel : à Saint-Chamond, dans la Loire, Siemens VAI MT veut liquider son usine et son centre de recherches, licencier 274 salariés, mais ceux-là ont du mal à l’accepter…

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mardi 16 mars 2010

La Commune emmerde le Front national

« La Patrie, un mot, une erreur ! – l’Humanité, un fait, une vérité ! »

« Inventée par les prêtres et les rois, comme le mythe dieu, la patrie n’a jamais servi qu’à parquer la bestialité humaine dans des limites étroites, distinctes, où, directement sous la main des maîtres, on la tendait et la saignait pour le plus grand profit de ceux-ci, et au nom de l’immonde fétiche. »

« Quand le bois vermoulu du trône craquait et menaçait ruine, le berger ou, pour mieux dire, le boucher, s’entendait avec son cher frère ou cousin du voisinage, et les deux misérables couronnés lançaient l’une contre l’autre les multitudes stupides qui, pendant que les maîtres riaient à sa barbe, allaient – meutes affolées – s’entr’égorger, en criant : Vive la gloire ! Vive la patrie ! »

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lundi 15 mars 2010

En solidarité, de l’utilité de la métaphore pour rêver et résister

Tout nous pousse à nous croire isolés, séparés et, ça ne fait pas un pli, nous le sommes : chacun sa merde, n’est-ce pas ? On n’y est pas obligé – elle ne se réduit pas à cela - mais on a le droit de lire l’œuvre, romans ou essais, tous genres joyeusement entremêlés, de l’écrivain John Berger comme un antidote à ce poison de l’époque. Livre après livre, il refait les nœuds là où les liens ont été cisaillés. Ressoude inlassablement, les jointures usées entre les vivants et les morts, entre les amants éloignés, entre l’intime et le collectif, entre la surface et la profondeur. Façonne une poche, oui, une petite poche de résistance qui, comme il l’a écrit un jour, « se forme lorsque deux personnes ou plus se réunissent parce qu’elles sont tombées d’accord ».

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dimanche 07 mars 2010

« Ce que nous voulons, ce n’est pas déplacer, c’est tuer le privilège »

Egalité citoyenne, un envoi de Ne pas plier Reçu hier un envoi du collectif Ne pas plier ; découvert aujourd’hui deux autocollants (Egalité citoyenne : égalité des droits entre les femmes et les hommes) et un extrait du rapport fait par Hubertine Auclert au troisième congrès national ouvrier à Marseille, du 20 au 31 octobre 1879 ; rendez-vous demain lundi 8 mars 2010 à 18 heures à Paris, à l’angle de la rue des Immeubles industriels et de la rue du Faubourg Saint-Antoine, sur le parcours de la manifestation pour les droits des femmes, afin de distribuer, ou de partager, l’image (*).

« Passe à ta voisine, passe à ton voisin », est-il tamponné sur l’enveloppe. Bon alors, d’accord.

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jeudi 04 mars 2010

« C'est dans l'inachèvement qu'on peut trouver l'énergie d'agir au présent »

« L’idée, c’est plutôt qu’il faut capter ces signes venant du passé si l’on veut pouvoir saisir ceux que notre présent est capable de produire. Ce ne sont pas des signes d’espoir dont on a aujourd’hui besoin, ni de la pseudo-énergie du slogan, mais d’autres signes de frémissement, inaugurant de nouvelles expériences, beaucoup plus concrètes, même à des niveaux qui ne parviennent pas encore à être politiquement visibles. Des utopies concrètes, des écarts de conduite assumés. En tout cas beaucoup mieux et beaucoup plus que le récitatif sur l’impossibilité de l’expérience, de la politique, de la révolution… Il y a bien un possible, il gît dans l’inachevé. Avec l’éveil, il ne s’agit pas du tout d’achever le passé mais bien plutôt de le laisser et même de le rendre à l’inachevé. Et c’est dans cet inachèvement qu’on peut trouver l’énergie d’agir au présent. C’est là où il n’y a plus d’inachevé que se pointe le péril. C’est d’abord cela que veut dire le mot totalitaire : ne pas supporter l’inachèvement, ne pas supporter l’ouverture de la communauté à ce qu’elle ne peut pas réaliser. Ou si vous préférez, c’est aussi bien toute la question du mot de passe : « Si tu connais le mot de passe, tu entres, si tu ne le connais pas, tu n’entres pas. » C’est ce fonctionnement-là qui est véritablement l’ennemi, et qui doit être aboli. Le mot de passe, c’est une sur-substantification du nom qui tire le langage hors de lui. C’est pour cela que la littérature est au fond le seul bon modèle politique dont on dispose : parce qu’elle récuse dès le départ le mot de passe, parce qu’elle n’a de sens qu’à ouvrir le langage. »

Extrait d’un entretien avec l’insituable Jean-Christophe Bailly, réalisé par Suzanne Doppelt, Jérôme Lèbre et Pierre Zaoui et publié dans la revue Vacarme (n° 50, hiver 2010, en librairie). Tout le numéro est à lire : précieux dossier Défendre la gratuité, retour sur le dispositif Observer la ville à Nanterre, rencontre avec le cartographe Philippe Rekacewicz, etc.

mardi 02 mars 2010

Les mots n'ont aucune importance

Elle. C’est possible, oui, j’ai dû synthétiser quelques concepts, mais la substance, c’est celle-là.

Lui. Non, non, la substance… (il se masse le crâne) Ces expressions ! Ces expressions, je ne réussis même pas à les répéter. Nous, nous devons être inassimilables. Nous devons être indifférents aux mots d’aujourd’hui. Allez, si vous taillez ces quinze, ces vingt phrases…

Elle. Ce sont les vôtres.

Lui. Celui qui parle mal pense mal et vit mal. Il faut trouver les mots justes. Les mots sont importants.

Elle. Mais il est tard, l’entretien est déjà sous presse.

C’est venu comme ça, en lisant l’entretien accordé par Nicolas Sarkozy à la revue l’architecture d’aujourd’hui, on a irrémédiablement pensé à cette séquence de Palombella rossa, le film de Nanni Moretti, quand le héros, Michele Apicella, joueur de water-polo et député communiste frappé d’amnésie, tente, au bord de la piscine, de modifier le portrait de lui qu’est venue présenter une journaliste.

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jeudi 25 février 2010

A la recherche d’une forme simple, humaine, persuasive

Spéciale dédicace à quelques ouvrières
de la maroquinerie Hermès
de Bogny-sur-Meuse,
dans ces Ardennes
que le communard chansonnier
Jean-Baptiste Clément a arpentées
pendant les années 1885-1894
pour y allumer la flamme
du socialisme révolutionnaire
et où, au bout du compte,
il aura, hélas !, reçu
plus de cailloux que de roses.

Citoyennes et citoyens,

Mon but, en annonçant d’avance les sujets que je traiterai, est d’inviter les travailleurs - ces exploités et ces victimes de la féodalité moderne - à être mes collaborateurs en me communiquant leur sentiment, leur opinion, en me disant ce qu’ils ont vu, ce qu’ils ont souffert, pour dresser ensemble le dossier des capitalistes, des exploiteurs, des parasites, et constituer ainsi les archives saignantes du Prolétariat.

Buste de Jean-Baptiste Clément, Nouzonville (Ardennes), photo de Thomas Lemahieu N’étant pas un doctrinaire, et voulant surtout faire œuvre de propagandiste en restant à la portée de tous par une forme simple, humaine, persuasive, reposant sur des arguments sérieux et des preuves irréfutables, me croyant, en outre, en raison du prix et du but de cette publication, à l’abri de tout soupçon de lucre et de vanité, je fais appel aux Citoyens dévoués et je leur demande de m’aider à propager ces brochures parmi nos camarades de travail, à qui nous ne saurions trop répéter : Qu’ils ne sont aux prises avec la misère que parce qu’ils sont victimes des injustices sociales, et qu’il ne tient qu’à eux de les faire disparaître.

Salut et Égalité,

J.-B. Clément

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mardi 23 février 2010

À ceux qui finiront en faim de droits

Un autocollant de l'association de chômeurs APEIS

« Nous sommes la réalité. C’est pour ça
que nous entendons la changer. Ceux qui nous
gouvernent nous prennent pour des cons.
Bravo de leur donner tort. »

Anonyme, mot écrit sur le « cahier
de luttes » de l’APEIS de Bègles en 1995.

dimanche 21 février 2010

Primes à la casse

« A l’extérieur du lieu d’accueil
Deux hommes se disputaient
En fureur, ils hurlaient
Pour savoir quelle voiture avait le plus gros moteur
La Ferrari ou la Maserati
Tout à coup l’un des deux hommes prit l’autre à la gorge
Et commença à l’étrangler
L’autre sortit une bouteille de Thunderbird de sa poche arrière
Et la brisa sur la tête du premier homme
Ils roulèrent dans le caniveau
Se donnant des coups de pieds, des coups de poings dans les beuglements
Je vis l’éclat d’un couteau
Quand la police et l’ambulance arrivèrent
Il y avait du sang partout
L’un des hommes haletait
Et un son mouillé sortit de sa gorge
Comme s’il s’étouffait dans son propre sang
Après que la police et l’ambulance soient parties
Je suis resté là à réfléchir en secouant la tête
J’avais beau essayer, je n’arrivais pas à comprendre pourquoi ils se disputaient comme ça
Après tout…

AUCUN D’ENTRE EUX NE POSSÈDERAIT JAMAIS
DE FERRARI OU DE MASERATI. »

Journal de Baltimore 2, un article du journal de rue Street Voice, paru dans le beau recueil Paroles de l’ombre, éditions Verticales, 2003.

samedi 20 février 2010

Répète après moi

« Combien gagne-t-il de plus depuis qu’il parle anglais ? » Je te le demande, dans le métro parisien, ces jours-ci. « +35% », c’est écrit, promis-juré, sur les grands placards publicitaires. « I speak Wall Street English », articule un gonze, en tirant un drapeau britannique à la place de la langue. Subprime mortgage, hedge funds, offshore, dark pools, etc. Combien tous ces mots du vocabulaire élémentaire de l'anglais de Wall Street nous ont-ils fait perdre déjà ? Pendant ce temps, en Seine-Saint-Denis, à l’école, les gamins ont inventé un terme – c’est une enseignante qui nous l’a raconté – pour dire « dérober », « ravir », « butiner » ou, en l'espèce, « télécharger des films sur internet ». Ils parlent de « madoffer » - c'est pas con.

jeudi 18 février 2010

« Il y a juste un petit problème dans ce raisonnement »

« Méfiez-vous de certains organismes publics qui prétendent que leur mission est de changer ou d’améliorer quelque chose ou quelqu’un. Le plus souvent, leur définition « d’améliorer » signifie nous supprimer des choses que nous trouvons agréables, ou bien chercher une excuse pour se mêler d’une façon ou d’une autre de nos vies. »

« Pour preuve, un cas récent : au cours des dernières semaines, tous les bancs du centre commercial Lexington, entre Howard et Eutaw Streets, ont été embarqués au milieu de la nuit. »

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mercredi 17 février 2010

Du civique dans les cités

Vous l’avez entendu aussi ? Il n’y a pas assez de neige à Vancouver (Canada) où se déroulent jusqu’au 28 février les jeux olympiques d’hiver, « les plus écologiques de l’Histoire » (Paris Match), des flocons artificiels dans les yeux. Et plus encore : alors que, depuis 2002, le nombre de sans-abri a augmenté de 400% à Vancouver, les autorités ont pris des dispositions pour les effacer, eux, les faire disparaître, les délocaliser – pas régler la crise, elle-même. Ça n’a pas tout à fait marché, comme en témoigne cet article paru dans l’Huma, mais c’est l’intention qui compte, n’est-ce pas ? Le gouvernement provincial a adopté une loi dite « d’assistance au logement » qui permet en fait aux policiers d’éloigner les « SDF et autres indésirables » des abords des sites olympiques. Cette grande opération de nettoyage écologique de la ville et, en particulier, du quartier Downtown Eastside est connue sur place sous la dénomination Civil City (« ville civique »).

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mardi 16 février 2010

Quand le patronat défend ses colonies

Elle a évoqué les retraites (suggère de repousser l'âge de départ - vu que nous avons, selon elle, une espérance de vie proche de cent ans -, d’introduire une dose de capitalisation dans le régime général, de travailler et boursicoter plus), proposé de généraliser les mécanismes d’exonération de charges sociales pour les embauches de demandeurs d’emploi en fin de droits, annoncé le programme de délibérations sociales avec les partenaires sociaux, rejeté l’idée de tchatcher avec ceux-là du partage de la valeur ajoutée – elle est prête à les informer dans les entreprises, mais pas touche au gâteau qui doit croître encore et encore, avant que les salariés se voient gratifiés d’un bout de la croûte. Au point presse mensuel de Laurence Parisot, la présidente du Medef, on va de surprise en surprise ce mardi matin. A un moment, elle se penche sur son pupitre et annonce, solennelle : « Je veux vous parler d’un sujet dont, je crois, nous ne vous avons pas encore parlé. » Oreilles tendues.

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lundi 15 février 2010

Au sens strict

Usine Philips de Dreux (Eure-et-Loir). La direction de la multinationale a envoyé le week-end dernier un courrier pour sommer le personnel de ne pas se présenter à l’usine ce lundi et d’attendre docilement au foyer la notification des licenciements. Les 212 salariés, des femmes à une écrasante majorité, sont venus quand même, et se sont cassés le nez sur un portail cadenassé, protégé par des vigiles avec des chiens. « Voilà, on nous pousse à devenir des révolutionnaires, remarque Manuel Georget, délégué syndical CGT de l'usine. Enfin, des révoltés plutôt, parce qu’on ne peut pas se prétendre révolutionnaires tant qu’on n’aura pas fait de révolution! »

mercredi 03 février 2010

« Nous ignorons ce que signifie l’oubli pour une société »

Dans des papiers à classer, je retombe sur un recto-verso avec le répertoire de chansons de luttes des ouvrières d’Aubade à Saint-Savin, dans le fin fond de la Vienne rurale. L’été dernier, elles se sont bagarrées contre le projet de délocalisation en Tunisie de leur production de sous-vêtements et la fermeture de la dernière usine française du groupe appartenant à une holding suisse (Calida) - mais rien n’y a fait, on le connaît, ce refrain. C’était une des salariées, chanteuse pour les mariages d’habitude, qui avait composé ces paroles sur des musiques populaires au sens qu’elles ont figuré au Top 50. « Il faut extérioriser la joie comme la colère, m’avait-elle expliqué à l’époque, mais chez Aubade, en ce moment, on en revient toujours aux mêmes sujets : RMI, galère, licenciées, pognon, actionnaires, crever de faim… »

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