Envoyer Imprimer Société - Article paru
le 20 mai 2010
Envoyer à un ami







code

Une planète et des hommes

Manger moins de viande ou produire autrement ?

Dans dix ans, la consommation de viande par individu devrait avoir augmenter de 6,1 kilos. Un risque accru pour l’état de la planète, sauf à réduire fortement la consommation de grains.

Selon le Fapri, un centre américain de recherche en économie et politique agricole, la consommation mondiale de viande de bœuf, de porc et de volaille augmentera de 6,1 kilos par personne et par an en moyenne entre 2009 et 2019. 72 % de cette augmentation concernera la viande de porc, contre 20 % pour la volaille et 8 % pour les bovins. En 2019, le consommateur moyen mangera 54,5 kilos de viande par an. Mais le Chinois moyen sera à 61,5 kilos, soit une augmentation de 11,6 kilos en dix ans. Le consommateur européen sera stable à 78,5 %, 
de même que l’Américain moyen à 
111 kilos. Compte tenu de la croissance de la population mondiale, la consommation des produits carnés devrait augmenter de 17 % d’ici à 2019. Ces chiffres sont de nature à relancer le débat sur la consommation de protéines d’origine animale et ses conséquences sur l’état de la planète. Et ce débat effraie déjà les responsables de la Fédération nationale bovine de la FNSEA. Au point que certains se sont ému auprès de Louis Orenga, directeur du Comité d’information des viandes (CIV), de l’impact négatif que pourrait avoir l’affiche un peu saignante réalisée par le PCF pour illustrer et combattre la mise en pièces des systèmes de retraite par le gouvernement Fillon. Nous avons eu droit à cette confidence en marge d’un débat qui s’est tenu le 11 mai dans les locaux de l’Inra (1) sur le thème « Produire plus pour nourrir la planète ou manger moins de viande ? ». Un débat plutôt décevant, en dépit de la qualité des intervenants, chacun y défendant son pré carré. Selon le démographe Hervé Le Bras, le schéma alimentaire français permet de nourrir 3 milliards d’humains avec 45 % de calories d’origine animale (viandes, poissons, crustacés, œufs et produits laitiers compris) alors que la moyenne mondiale serait de 18 %, le Nigeria étant à 3° %.

Selon Marion Guillou, présidente de l’Inra, les rendements agricoles ont doublé en vingt ans et 0,25 hectare de terre nourrit aujourd’hui un individu contre 0,45 hectare auparavant. Mais ces augmentations de rendements sont inégales et les marges de progression deviennent plus incertaines.

Au nom de France Nature Environnement, Jean-Claude Bévillard a fort justement estimé que « l’élevage en Europe contribue à la déforestation de l’Amazonie », via les importations de soja. Au nom du CIV, Louis Oranga a indiqué que le soja entre pour 3 % dans l’alimentation des bovins de races à viande élevés en France, ce qui n’est pas faux. Sauf qu’il n’en va pas de même dans les troupeaux laitiers aux effectifs sensiblement identiques et gros consommateurs de soja en association avec le maïs fourrager. Or ces vaches vont à l’abattoir après trois lactations en moyenne. Curieusement, aucun des quatre intervenants n’a évoqué la perspective prochaine d’un pétrole de plus en plus rare et de plus en plus cher. Cette donnée nouvelle va remettre en cause bien des pratiques agricoles gourmandes en carburants et en gaz pour produire des engrais azotés. Aucun ne s’est davantage interrogé sur la pertinence d’un « modèle » agricole qui s’est généralisé sur toute la planète et qui consiste à donner une alimentation de plus en plus granivore aux herbivoires ruminants comme aux animaux omnivoires que sont les porcins. En France, des producteurs de lait, moins aidés par les primes européennes que la majorité convertie depuis longtemps au maïs fourrager, font la démonstration que l’on produit du meilleur lait à moindre coût en semant ses prairies de graminées et de légumineuses en lieu et place des seules graminées. Ça consomme moins d’intrants en tous genres que le système à base de maïs. Mais ça demande plus de travail. Bref, sans exclure le débat sur moins de viande ou pas, il faut aussi le faire porter sur la manière de nourrir les animaux de ferme.

Gérard Le Puill

(1) Débat organisé par l’Association française des journalistes agricoles.

PUBLICITé -

LE FIL ROUGE



Vidéos"il faut reconnaître l’acte de décès de la stratégie de Lisbonne"

INTERACTIF -

espace privé accueil LIENS Contacts Annonceurs AIDE Mentions légales Crédits RSS Plan du site Facebook Twitter