Le parti de gauche Smer-SD du Premier ministre Robert Fico arrive en tête des législatives slovaques, mais les partis de droite et centristes disposent d’une majorité pour former une coalition, après le dépouillement des bulletins dans 97,77% des bureaux de vote.
Le parti de M. Fico a obtenu 34,99% des suffrages, selon les résultats quasi-définitifs communiqués dimanche à l’aube par l’office slovaque des statistiques.
Ensemble avec les nationalistes du SNS du leader xénophobe Jan Slota, le Smer-SD n’a toutefois réuni que 72 des 150 sièges, soit la minorité, au sein du Parlement monocaméral, selon la même source.
La troisième composante de la coalition sortante, le LS-HZDS de l’ex-Premier ministre populiste Vladimir Meciar, n’a pas quant à elle pas franchi la barre de 5% requise pour entrer au Parlement.
Quatre partis d’opposition : l’Union démocratique et chrétienne slovaque (SDKU-DS), les libéraux de "Liberté et Solidarité" (SaS), les chrétiens-démocrates (KDH) et Most-Hid représentant la minorité hongroise, disposent ensemble d’une majorité de 78 des 150 sièges, selon ces résultats quasi-définitifs.
"Les citoyens slovaques ont manifesté leur volonté, ils ont opté pour la voie de la responsabilité, pour une voie qui assurera la solution des problèmes principaux de ce pays", a déclaré vers 5H00 (03H00) à la presse Mme Iveta Radicova, leader électoral de SDKU-DS et Premier ministre pressenti.
"Permettez-moi d’exprimer mon souhait que la Slovaquie reçoive à nouveau l’épithète de +tigre d’Europe+", a aussi dit Mme Radicova, visiblement émue.
"Un changement essentiel se produit en Slovaquie, qui va se manifester dans tous les domaines de la politique", a estimé l’analyste Grigorij Meseznikov, directeur de l’Institut des Affaires publiques, interrogé samedi soir par l’AFP.
Ce résultat apporte un "retour à la voie empruntée en 1998, qui avait conduit à l’adhésion à l’UE et l’Otan et à des réformes de fond", a aussi déclaré M. Meseznikov.
"C’est le point final qui marque la fin d’une évolution anormale depuis la naissance en 2006 d’une coalition formée de populistes et de nationalistes radicaux", a-t-il estimé.
De son côté, le chef du SNS (Parti national slovaque) Jan Slota, connu pour ses diatribes anti-hongrois et anti-roms, s’est dit "très triste" pour les Slovaques, en réaction à un sondage à la sortie des bureaux de vote, samedi soir.
"J’ai envie de pleurer, je suis très triste pour mes Slovaques", a-t-il indiqué à l’antenne de la télévision TA3. "Si un parti politique hongrois entre au gouvernement, il y aura une autonomie politique du sud de la Slovaquie durant son mandat", a aussi affirmé M. Slota.
"Telle nation, tel gouvernement. Nous allons pleurer tous. Et les larmes seront de sang", a-t-il dit.
La position de M. Fico avait été fragilisée avant le scrutin par de graves soupçons de financement illégal de son parti, et un don controversé de 17.000 euros provenant des fonds d’urgence étatiques, à une championne de fitness locale, au moment où le pays se remet d’inondations dévastatrices.
Dans l’optique de la crise grecque, les Slovaques ont massivement rejeté la politique sociale du cabinet de M. Fico, lancée à l’époque où ce pays de 5,4 millions d’habitants affichait encore une croissance record (+10,4% en 2007, puis +6,4% en 2008).
Se situant à environ 28% du Produit intérieur brut (PIB) au moment de l’entrée du pays dans la zone euro le 1er janvier 2009, le niveau de la dette publique risque d’atteindre jusqu’à 41% du PIB à la fin de l’exercice 2010, selon certaines estimations.
Les partis d’opposition, eux, mettaient en revanche en exergue la nécessité d’un coup d’arrêt à l’endettement, durant toute la campagne.