Il Manifesto

Sécurité militaire

La police de quartier sera bientôt remplacée par des patrouilles mixtes forces de l’ordre-forces armées.


Pour le moment on en est encore au coup d’annonce de la part du gouvernement, mais on ne peut pas exclure que dans une petite semaine, dans les quartiers les plus à risque de nos villes, on commencera à voir les premiers des 2500 militaires avec des charges d’ordre publique.

Les intentions du Viminale (ministère de l’intérieur) et du ministère de la Défense, qui ont mis à point le dispositif, qui sera présenté comme amendement à la loi de sécurité, les nouvelles patrouilles pourraient être composées de cinq personnes : un policier, un carabinier, un agent de la police financière et deux soldats (de l’armée de l’air ou de la marine), avec le statut d’agents de sécurité publique. Cela signifie qu’ils pourront, le cas échéant, arrêter et identifier une personne suspecte. Mais les premières critiques dénonçant le risque d’une militarisation des villes. proviennent des syndicats de police, pas du tout contents de l’aide des militaires, Annoncé au début de la législature par le ministre de la défense , Ignazio La Russa (Alliance nationale), le recours à des militaires pour le maintien de l’ordre publique, est en train de devenir réalité. Après une série de rencontres avec le ministère de l’intérieur, le document, dix lignes en tout, est prêt : il prévoit l’utilisation d’un contingent de 2500 hommes pendant six mois, avec à la carte un renouvellement possible. « Comme ça – a expliqué La Russa – nos soldats seront disponibles pour participer à des actions de reconnaissance et de patrouille dans les villes et les centres urbains pour mieux garantir, avec les forces de l’ordre, la sécurité des citoyens ».

L’intérieur et les préfets décideront si et comment recourir à l’armée. Dans le projet du gouvernement, les « grosses patrouilles » mixtes devraient commencer le travail à 18h00, jusqu’à 2 heures du matin. Au début, les patrouilles seront limitées aux grandes villes : Rome, Milan, Naples, Bari, Bologne, Florence, Venise, Gênes et Turin. Quels seront leurs taches ? Ce n’est pas encore très clair. Les techniciens du Viminale sont au travail pour définir les limites des interventions, mais à l’heure qu’il est deux choses semblent déjà arrêtées. Tout d’abord, que les décisions concernant les militaires seront prises par le ministère de l’intérieur et par les préfets, deuxièmement que les militaires auront les mêmes taches des forces de police, dans certaines limites. Probablement, les soldats pourront arrêter et fouiller personnes et véhicules, et les identifier, laissant cependant les autres taches à la police et aux carabiniers. L’expérience de référence sont les « Vêpres siciliens » ne 1992, lorsque des soldats avaient été envoyés en Sicile après les massacres qui provoquèrent la mort des juges Giovanni Falcone e Paolo Borsellino. Probablement, on va aussi tenir compte de l’expérience plus récente des missions au Kosovo et en Afghanistan.

L’annonce de La Russa a suscité différentes réactions. Pour la maire de Milan, Letizia Moratti, il s’agit « d’une très bonne nouvelle », et le maire adjoint Riccardo De Corato, qui prévoit l’arrivée en ville d’au moins 300 soldats, pense déjà à les employer pour présider la gare centrale, et les boulevards aux alentours. Mais, pour l’instant, critiques et soucis enflent. Comme l’affirme la ministre ombre de la Défense du Pd, Roberta Pinotti, « si on pense de faire recours à l’armée pour des taches d’ordre publique et de sécurité, nous on ne peut qu’être contre, on est contre la militarisation du territoire ». Le syndicat de police Consap souligne aussi les risques de militarisation : « tandis qu’on réduit les heures supplémentaires aux policiers et on n’embauche plus depuis dix ans, on confie le contrôle des villes à l’armée » affirme le secrétaire Giorgio Innocenzi. « Militaires dans les rues, policiers et carabiniers dans les bureaux » dénoncent les sections Cgil, Cisl et Uil du ministère de l’intérieur. « La loi de réforme de la police – affirment les trois syndicats – impose que les taches administratives, comptables et patrimoniales des bureaux de la Sureté nationale doivent être assurées par le personnel de l’administration civile de l’intérieur. Mais nous avons des données selon lesquelles au moins 25.000 policiers sont détournés des taches opérationnelles, du contrôle du territoire et des activités d’investigation, pour être employés dans les bureaux à des taches administratives ». L’Ugl, un autre syndicat, dit aussi « non » aux militaires dans les rues : « les soldats sont en effet des professionnels entrainés à la guerre, dont le rôle à rien à voir avec la fonction sociale de maintien de l’ordre publique propre de la police ».

Par Carlo Lania

Traduction : Anna-Maria Merlo

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