Conseiller d'Etat, Conseiller national,
Rédacteur du Genevois
Vénérable de la Loge Fidélité & Prudence
de 1893 à 1895
Quelques aspects de sa
vie
Publiscite et homme politique, il joua
un très grand rôle dans la vie sociale
genevoise. Il fut le fondateur et le rédacteur
jusqu'à sa mort du Petit Genevois qui
devint plus tard le Genevois. Georges
Favon entra au Grand Conseil en 1876 et fut
conseiller d'Etat de 1899 à 1902. Il a fait
partie en 1880 du Conseil des États . Il fut
aussi élu au Conseil national. Il occupa le
poste de Vénérable de la Loge Fidélité et
Prudence de 1893 à 1895.
Ses efforts d'homme politique amenèrent sur le
plan genevois de très grands progrès sociaux.
Au plan fédéral, il soutient la création de
diverses assurances sociales dont l'Assurance
Vieillesse et Survivants (AVS) et Assurance
Invalidité (AI). Malheureusement ces projets
furent refusés par le peuple en 1900. Ce n'est
que 46 ans plus tard que l'idée de Favon se
réalisa.
Biographie et bref résumé
de sa vie politique*
Né le 2.2.1843 à Plainpalais (auj. comm. Genève), mort le 17.5.1902 à Plainpalais, protestant
puis libre-penseur, de
Genève. Fils de François, riche marchand et propriétaire, et de Louise Choisy. Issu d'un milieu
conservateur, Georges Favon passa son baccalauréat classique à l'académie de Genève, puis
suivit des cours de droit à Heidelberg. Après avoir milité dans une association
politique conservatrice (1864), il rallia le camp radical vers 1872. En 1875 il
fonda Le Petit Genevois (devenu Le Genevois en 18777), organe du radicalisme populaire; Georges Favon conserva jusqu'à la mort la propriété
et la rédaction du journal. Il fut député au Grand Conseil genevois (1876-1902),
conseiller aux Etats (1880-1881), conseiller national (1881-1893, 1894-1902) et
conseiller d'Etat chargé de l'instruction publique (1899-1902). Dès 1883, il
donna un cours sur les systèmes sociaux à l'université de Genève.
Au sein du radicalisme genevois, Georges Favon appuya d'abord la politique
anticatholique d'Antoine Carteret, puis il s'en éloigna et orienta le parti vers
l'action sociale, prônant l'alliance avec les socialistes et courtisant même
l'électorat catholique. En 1889 il se retrouva à la tête d'un parti cantonal
divisé et désormais minoritaire, qu'il ramènera au pouvoir en 1897, allié aux
socialistes. Georges Favon se signala aussi par son opposition épicurienne au piétisme
réformé; voulant faire de Genève une ville où l'on s'amuse, il prit notamment la
défense des jeux de hasard et des maisons de tolérance. Sur le plan cantonal et
fédéral, il préconisa des mesures étatistes souvent repoussées par le peuple; il
proposa ainsi sans succès l'assurance maladie généralisée et les syndicats
obligatoires. A Genève, il s'opposa en vain à l'introduction de la
représentation proportionnelle, au vote à la commune et à la loi sur
l'incompatibilité. Il fut par contre l'un des artisans de la loi scolaire de
1886 qui modernisa l'instruction publique genevoise. Au Conseil d'Etat, il
développa l'université par la création des policliniques, l'agrandissement des
bâtiments et l'extension des sciences sociales; il voulait ouvrir ce dernier
enseignement aux principales écoles de pensées, libérale, socialiste et
chrétienne. Chef charismatique, tribun et polémiste plus qu'homme de gouvernement,
Georges Favon donna un nouveau souffle au parti radical genevois en l'engageant sur le
terrain social, mais son bilan est contrasté: succès dans le domaine scolaire et
universitaire, échec de projets sociaux pour lesquels l'opinion n'était pas mûre
et défense d'options dépassées en matière de droits électoraux.
Bibliographie -G. Busino, S. Stelling-Michaud, Matériaux
pour une histoire des sciences sociales à Genève, 1965 -Gruner,
L'Assemblée, 1, 945-946 -Livre du Recteur, 3, 283
*Source
Dictionnaire historique de la Suisse Marco Marcacci
Discours prononcé par
Georges Favon le 30 octobre 1898 lors de
l'inauguration du Temple maçonnique de la rue
Bovy-Lysberg à
Genève.
Notre première parole aujourd'hui comme notre
première pensée selon la tradition des
citoyens suisses est pour la Patrie.
Nous souhaitons à notre Patrie, à notre bien
aimée Confédération suisse - nous n’avons pas
besoin de dire pourquoi nous l'aimons - nous
lui souhaitons de rester l'asile inviolable de
la liberté et de la justice, d’être toujours
la gardienne de nos intérêts supérieurs
d’indépendance et de liberté, d’être toujours
davantage la patrie de nos cœurs et la chaste
maîtresse servant la justice, la vérité et
égalité.
Mes chers amis, mes Ch.' . FF.'. c’est une
chose qui trouble parfois la conscience des
jeunes maçons qui se présentent dans nos
ateliers avec un esprit ouvert, avec le désir
de comprendre, par conséquent de bien servir
notre association fraternelle, c’est, dis-je,
une chose qui les surprend parfois de voir la
Maçonnerie, la grande École de la fraternité
universelle, s’attacher avec autant de soin,
avec une semblable sollicitude aux intérêts de
la patrie. Ils se demandent souvent s’il n’y a
pas quelque contradiction entre ce caractère
de famille universelle qui nous appartient et
ce souci de nos intérêts patriotiques. Nous
voulons tous être des citoyens soucieux des
intérêts et de l’honneur de notre
patrie.
L’explication n’est pas difficile à trouver.
Si j’en voulais une preuve, je la trouverais
dans la solennité d’aujourd'hui l’union des
FF.’. de Genève dans cette maison de la rue
Bovy-Lysberg. Il y a là des FF.’. qui
appartiennent à plusieurs patries ; c’est une
grande leçon qui montre combien il est
nécessaire de travailler chacun à la place où
nous sommes ; nous ne pouvons rien, si nous ne
sommes aidés par des consciences à l’unisson
des nôtres.
Nous avons dans notre maison maçonnique une
loge qui appartient à cette grande et haute
puissance maçonnique, qui s’appelle le G.'.
O.’. de France : nous avons des FF.' . qui
sont républicains et Français et j’espère bien
que ces deux noms ne se sépareront jamais. Si
nous avions besoin qu’on nous rappelât cette
solidarité supérieure des peuples, si nos
consciences et nos espérances étaient
descendues assez bas pour ne pas savoir quelle
puissante solidarité unit les peuples, les
faits nous le rappelleraient. Si je dis qu’il
faut que la France se garde d’abandonner ses
institutions républicaines, si je dis qu’elle
doit rester la directrice de nos idées, c’est
que si elle faisait une chute, nous en
ressentirions le contrecoup, parce que son
honneur et sa force sont la force et l’honneur
de tous les républicains.
Puisque je parle de cette maison dont nous
fêtons aujourd'hui l’inauguration, un souvenir
reste grave dans nos mémoires. Des FF.'. de
Genève qui nous valaient bien par la fidélité
aux principes et par la hauteur de l’esprit,
ont tenté jadis de réunir tous les maçons dans
une même maison. Ils ont peut-être mal conçu
leur plan, ils ont oublié qu’à côte de l’union
qui est désirable, il faut maintenir le milieu
qui convient à chacun, ils ont voulu marcher
trop vite, ils ont échoué.., c’est une leçon
pratique dont il faut profiter ; nous laissons
à chacun, à chaque famille sa liberté
complète, nous faisons l’unité par en haut au
lieu de la faire par la centralisation
administrative ; nous osons dire qu’il y a là
une leçon pour une plus grande famille, celle
de l’humanité tout entière.
L’ancienne maison n’est plus à nous, elle est
aux pires adversaires de la F.’. -M.’., elle
est au clergé, et les rites de la messe ont
remplacé les rites sacrés de liberté, de
justice et d'égalité qui font l’honneur de
tous les maçons.
Voilà à quoi l’on s’expose quand on ne joint
pas la prudence à la fermeté, et quand on
n’est peut-être pas retenu par le sentiment de
la modestie et de l’humilité qui doit soutenir
la faiblesse de nos efforts.
Notre mérite est dans notre désir de
travailler ; que l’avenir nous préserve d’une
chute pareille, mesurons les pas en avant,
mais proclamons que la Suisse ne fera jamais
un pas en arrière.
A mes FF.'. de France je répète que nous avons
à nous rendre service mutuellement, vous êtes
les grands, nous les petits nous vous devons
cette admirable révolution qui a fait la
déclaration des droits de l’homme et du
citoyen, déclaration à laquelle on pourra
peut-être ajouter quelque chose mais à
laquelle on ne peut rien retrancher, sans
l’arracher du coeur même de la démocratie. À
vous qui avez fait de si grandes choses pour
la démocratie, la république et l’humanité,
nous témoignons toute notre reconnaissance et
nous vous souhaitons de pouvoir rester fidèles
aux règles que vous avez tracées. Mais si
jamais, par malheur, ces grandes vertus ne
pouvaient plus être pratiquées librement dans
votre pays, ce que nous souhaiterions à notre
patrie suisse, ce serait de conserver un asile
où les grands exemples puissent être
respectés, et où tous ceux qui veulent vivre
librement soient entourés d’une atmosphère de
liberté et de fraternité.
Je lève mon verre à la noble patrie suisse
petite par le nom, j’espère toujours plus
grande par les sentiments, par les
aspirations. par la solidarité : je lève mon
verre aussi aux autres patries et à ce pays de
France à qui les hommes de solidarité doivent
tant de choses.
A la patrie suisse, à l’asile de nos
libertés et de notre indépendance: à tous les
pays qui ont servi la liberté, à toutes les
démocraties, à la démocratie universelle.
Source
:
La Loge Fidélité et ses
ancêtres. 1871 - 1971 - 1996 .
Dictionnaire historique et
biographique de la Suisse.
Erard-Heggenzi.
Administration du D.H.B.S.
Neuchatel
Notice sur le Temple
maçonnique de la Rue Bovy-Lysberg à
Genève