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Mercredi 14 Janvier 2009

Battisti: Brésil, terre d'asile

Par Rémi DUCHEMIN
leJDD.fr
>> Le ministre de la Justice brésilien a accordé mardi soir à Cesare Battisti le statut de réfugié politique, au motif que l'ex-activiste d'extrême-gauche pourrait être persécuté à son retour en Italie en cas d'extradition. Condamné à la prison à perpétuité pour quatre assassinats dans lesquels il nie toute implication, Cesare Battisti est désormais suspendu à la décision de la cour suprême.

Cesare Battisti est actuellement toujours derrière les barreaux à Rio de Janeiro. Mais l'ex-activiste d'extrême-gauche italien pourrait rapidement retrouver la liberté, et pouvoir vivre libre au Brésil. Le ministre de la Justice a en effet décidé mardi soir de lui accorder le statut de réfugié politique qu'il réclamait depuis son arrestation en mars 2007. "Le ministre de la Justice, Tarso Genro, a décidé en faveur de l'octroi du statut de réfugié à l'Italien Cesare Battisti en raison de l'existence fondée d'une crainte de persécution" en raison de ses opinions politiques, indique un communiqué du ministère. Tarso Genro a donc apparemment été sensible aux arguments de l'ex-activiste italien, qui avait affirmé dans un hebdomadaire brésilien la semaine passée craindre pour sa vie en cas de retour au pays.

C'est désormais à la cour suprême brésilienne de se prononcer, mais elle devrait suivre l'avis de Tarso Genro. Le dénouement heureux est donc proche pour Cesare Battisti, qui avait pourtant toutes les raisons d'être pessimiste. Même si Brasilia a toujours refusé dans son histoire d'extrader des anciens militants d'extrême-gauche vers l'Italie, le procureur général de la République, Antonio Fernando Souza, avait récemment rendu un avis favorable à la demande d'extradition, estimant que les crimes reprochés à Battisti relevaient du droit commun et n'avaient donc rien de politique. Le 28 novembre dernier, le Comité national pour les réfugiés du Brésil, où siègent notamment des représentants de l'ONU aux réfugiés, avait en outre refusé le statut de réfugié politique à l'ancien membre des Prolétaires armés pour le communisme. Avant que le ministre de la Justice n'en décide autrement.

La doctrine Mitterrand

La demande d'extradition formulée par l'Italie, où Cesare Battisti a été condamné à la prison à vie par contumace, devrait donc être rejetée. La justice transalpine l'accuse d'avoir participé à quatre assassinats entre 1977 et 1979, durant "les années de plomb". Arrêté en 1981, Cesare Battisti était parvenu à s'évader pour rejoindre la France, puis le Mexique. En 1990, il rejoint la France, cinq ans après la mise en place de la doctrine Mitterrand, selon laquelle l'immunité était offerte aux activistes italiens renonçant à la violence. Il vivra 14 ans dans l'Hexagone où il débutera une carrière d'écrivain.

Et puis en 2004, Cesare Battisti est à nouveau arrêté en attente d'une extradition. Une vive polémique éclate alors, et les soutiens d'intellectuels et d'hommes politiques se multiplient. Placée en liberté surveillé, l'Italien parvient à s'enfuir en août, alors que son extradition ne fait plus guère de doute. Il gagne le Brésil, où il est une nouvelle fois arrêté, en mars 2007. Mais où finalement, il devrait bientôt pouvoir vivre en homme libre.

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