Son audition a fortement impressionné le réalisateur Jean-Philippe Duval et l'auteure Danielle Trottier. Celle-ci nous a dit avoir eu un «coup de foudre» pour Natasha Kanapé Fontaine.
Si l'artiste innue a accepté le rôle, c'est qu'elle y voit une nouvelle tribune pour la cause des femmes autochtones. «Le tiers des femmes en milieu carcéral sont autochtones, explique-t-elle. D'une certaine façon, Unité 9 n'est pas du tout représentatif, avec un seul personnage! La plupart du temps, ces femmes sont arrêtées parce qu'elles ont fait quelque chose pour se protéger des agresseurs ou des dealers, pour sortir de la rue ou pour la vente de produits illégaux.»
Éduquer le public
Si l'on ajoute à cela le lourd passé des pensionnats, le racisme des autorités (pensons au scandale des femmes agressées par des policiers à Val-d'Or), la surreprésentation des femmes autochtones parmi les personnes assassinées au pays, qui a mené à une commission d'enquête, leur vulnérabilité en milieu urbain, les problèmes de toxicomanie qui en découlent, on a à peine une idée de ce que le personnage d'Eyota Standing Bear a traversé avant d'aboutir à Lietteville.
Et ce personnage, qui évolue dans l'une des séries les plus populaires au Québec, pourrait en faire plus pour la sensibilisation que bien des reportages ou documentaires, selon son interprète.
«Mon personnage, c'est tout ça. J'en ai connu des femmes comme ça, qui étaient dans cet état-là. Ça fait longtemps que je me bats pour qu'on en parle, pour qu'on comprenne quelles sont les bases de cette réalité-là.»
«Mon rôle, c'est un moyen de plus pour moi d'imposer cette éducation au public québécois, poursuit la comédienne. Parce qu'on a le choix de regarder les nouvelles qu'on veut, mais là, je me dis que dans Unité 9, les gens n'auront pas le choix de se confronter à cette réalité et de pouvoir apprendre à humaniser des personnes qui semblent inaptes à recevoir de la compassion.»
Non seulement la comédienne apporte de la diversité à notre écran qui en a bien besoin - les rôles d'autochtones sont très rares -, mais Unité 9 lui a aussi apporté quelque chose. «Ce à quoi je m'attendais le moins est le travail sur moi. Tout de suite après le tournage en octobre, j'ai décidé de ne plus consommer d'alcool. Certaines scènes m'ont rappelé des moments que j'ai vus ou que j'ai vécus. Je sais qu'il y a de l'alcoolisme dans ma famille. Je sais d'où ça vient. J'ai décidé de faire attention à moi. Je sais aussi que depuis des années, les arts, l'écriture, le théâtre m'ont beaucoup transformée. Je pense que je n'ai jamais été aussi en forme et bien dans ma peau. C'est ce que j'ai envie de montrer aux jeunes. À tout le monde, en fait.»
On peut voir Natasha Kanapé Fontaine dans Unité 9, les mardis à 20 h, sur ICI Radio-Canada Télé.