Jean-Marc Authié : un mental à toute épreuve

Après avoir posté un commentaire sur sa fiche, jean-Marc Authié a accepté de revenir avec nous sur sa carrière, en toute simplicité : itinéraire d'un honnête attaquant de D2 qui a toujours su s'accrocher malgré l'adversité.
Jean-Marc Authié, que devenez-vous aujourd'hui?
Je suis journaliste de presse écrite depuis 1998. Je travaille pour un bi-hebdomadaire du Cantal d’informations générales mais spécialisé tout de même dans l’agriculture. Je collabore également pour le quotidien régional La Montagne (pour du football local) et aussi pour L’Équipe (car Aurillac possède une équipe de rugby en PRO D2 et une équipe de hand en LNH).
Pourquoi avez-vous choisi cette reconversion ?
À 30 ans alors que je jouais au Red Star j’ai fais le choix d’une reconversion qui me plaise. Les locaux du Parisien étant proches du Stade Bauer j’ai donc tenté le coup. Entre janvier et mai 1997 j’allais donc régulièrement au Parisien avec les journalistes sportifs de l’époque pour apprendre. En même temps une opportunité s’est ouverte pour les sportifs de haut niveau (via l’UNFP) pour intégrer une formation au sein d’une école de journalisme. Comme je n’avais plus envie de courir après les contrats de ne plus me poser la question chaque année de savoir ce que j’allais faire l’an prochain alors j’ai foncé. Un choix payant puisque c’est toujours mon métier 12 ans plus tard.
Revenons àvotre parcours de footballeur. Comment êtes-vous arrivé à l'AS Saint-Etienne ?
Alors là c’est une histoire incroyable !!! Et je vous jure que tout est vrai dans cette histoire !!! En 1985 je jouais dans un petit club d’Elite de la région Rhône-Alpes (Entente Frontonas-Chamagnieu). Particularité de l’époque… j’étais gardien de but. J’étais junior et un jour le gardien de l’équipe première se blesse. Je joue alors en senior. Mais j’aimais bien jouer dans le champ à l’entraînement. Juste avant la trêve le gardien senior revient mais il y a une hécatombe de blessés chez les attaquants. Alors mon entraîneur de l’époque tente un coup de poker et me fait jouer devant. J’étais gardien de but en junior le matin (et oui à l’époque on jouait le dimanche matin) et attaquant en senior l’après-midi. Résultat j’ai marqué 15 buts en 9 matches. Dans le coin il y avait une équipe de D4 Pont-de-Chéruy dont l’un des joueurs venait souvent nous voir jouer. Il parle de moi à son entraîneur qui en parle à son président. À l’occasion d’un match de Gambardella contre son équipe (où l’on perd 10-0 je crois) le président m’aborde et me demande de venir faire un essai à Pont. Je viens de prendre 10 buts je me demande bien ce qu’il a pu me trouver mais il me dit que c’est pour jouer dans le champ. J’accepte. En mai 1986 je rencontre le coach Canzio Capaldini qui me fait faire un bout d’essai me regarde en long en large et en travers durant 45 minutes puis qui me dit : Ok tu signes chez nous. Je découvre alors que l’on peut gagner de l’argent dans le football (primes de matches). Je joue donc une saison (86-87) à Pont-de-Chéruy où nous rencontrons en coupe Rhônes-Alpes l’AS Saint-Etienne. Toute la semaine notre coach a expliqué aux jeunes que c’était l’occasion ou jamais de montrer ce que l’on savait faire. On perd le match 3 à 2 après prolongations mais [[Pierre Repellini]] entraîneur du centre de formation de l’ASSE à l’époque me demande de venir faire un essai à Geoffroy-Guichard. Je passe donc trois jours chez les Verts en mai 1987. Et à l’issue Pierre Garonnaire recruteur et véritable monument chez les Verts me fait signer un contrat de stagiaire de 2 ans juste avant de passer mon Bac.
Vous êtes prêté au Puy-en-Velay. Comment était ce club ?
Après avoir signé un contrat pro en juin 1989 je suis prêté au Puy qui évoluait alors en D3. Le club était en pleine reconstruction après avoir vécu des années fastes peu auparavant. Il y avait à l’époque un mélange de joueurs issus du centre de formation de l’ASSE et de l’OL. On s’entendait plutôt bien dans un cadre très convivial et des dirigeants chaleureux. Pour ma part cela m’a servi de tremplin.
Puis Valence, vous avez connu l'accession en D2, avant d'être mis à l'écart par Notheaux. Pourquoi ?
J’ai rejoint Valence en 1991. J’avais à l’époque le choix entre le FC Valence (club historique de la ville) et les Arméniens de Valence club de quartier qui évoluaient tous deux en D3. Le discours des Arméniens m’a plu tout bêtement alors que beaucoup m’encourageaient à rejoindre le FC. Bref j’ai passé mes plus belles années là-bas avec une accession en D2 dès la première année le maintien en D2 en 1992 avec la réunification des deux poules. À l’époque l’entraîneur s’appelait Pierre Ferrazzi et faute de résultats et d’un mauvais classement sera remplacé à l’hiver 93 par Didier Notheaux. C’est certainement le meilleur entraîneur le meilleur technicien et tacticien que j’ai jamais eu. Mais je n’étais pas dans ses petits papiers ou tout simplement je n’étais pas assez bon à ses yeux !!! Alors l’histoire valentinoise s’est terminée en 1995 mais j’en garde un merveilleux souvenir car la rencontre humaine et culturelle a été très riche.
Vous rebondissez au Red Star, où, après une première saison réussie, vous jouez beaucoup moins. Pourquoi ?
Le Red Star fût une belle surprise même si le départ de Valence n’a pas été facile. C’est [[Pierre Repellini]] qui est venu me chercher pour jouer à la pointe de l’attaque audonienne aux côtés de [[Steve Marlet]] et [[Samuel Boutal]] rien que ça et pour remplacer un certain [[Didier Thimothée]] parti du côté du Forez. Bref une première saison formidable où l’on joue les premiers rôles durant huit mois mais paradoxalement il y avait un discours très ambiguë des dirigeants surtout du directeur sportif de l’époque Michel Castejon. À la mi-saison on nous reproche de ne pas assez marquer de buts alors que Steve Sam et moi avons mis les deux-tiers des buts. De plus il se parle de plus en plus d’un rapprochement entre le Stade de France et le Red Star… Mais bon tout cela va capoter tout comme notre dynamique et notre classement qui va prendre une claque entre mars et mai. On finit en milieu de tableau et Repellini paye les pots cassés. [[Abdel Djaadaoui]] lui succède… et c’est le drame pour moi. Il ne me fera jamais confiance. Même si je suis dans le groupe comme remplaçant mon temps de jeu est très limité (entre 5 et 10 minutes). Alors je fais connaître mon mécontentement. Comme je veux absolument jouer plutôt que de cirer le banc je demande alors à jouer en réserve avec les jeunes. Cela a été pour moi une véritable bouffée d’oxygène. Et ça m’a permis de mesurer le potentiel énorme des jeunes du Red Star.
Vous rejoignez Aurillac. Comment êtes-vous arrivé dans ce club ?
En 1997 je fais le choix de privilégier ma reconversion tout en essayant de jouer à un bon niveau. Aurillac CFA me fait signer pour deux ans via son coach [[Thierry Oleksiak]] (ancien Verts le monde est vraiment petit). Là encore un concours de circonstance puisque je devais repartir au Puy mais le jour de mon déménagement Oleksiak m’a appelé. Le club m’a permis de suivre ma formation de journaliste et de faire la navette entre Aurillac et Paris durant deux ans. Aujourd’hui je suis toujours à Aurillac car j’ai découvert une ville et un département fantastiques très loin des clichés habituels perpétrés par nombre de gens qui ne connaissent même pas le coin : Aurillac c’est le trou du cul du monde il pleut et il y fait toujours froid… Peu importe j’ai eu la chance d’élever mes enfants ici et ça croyez-moi : ça n’a pas de prix
Vous avez cotoyé des joueurs variés dans vos clubs. Qui vous a marqué? Avez-vous encore des contacts avec d'anciens coéquipiers?
J’ai vraiment été marqué par le talent naturel de certains joueurs comme [[Christophe Pignol]] [[Christophe Deguerville]] ou encore [[Etienne Mendy]] à l’ASSE ; [[Zoran Dimitrijevic]] un numéro 10 exceptionnel [[Hamlet Mkhitaryan]], [[Michel Terzian]], [[Fabien Mira]], [[Denis Zanko]] à Valence [[Steve Marlet]], [[Samuel Boutal]], [[Cyril Domoraud]], [[Guilhermo Mauricio]] et [[Ted Agasson]] au Red Star…Je n’ai gardé que très peu de contact avec le milieu du football. Néanmoins j’ai des nouvelles de Christophe Pignol Fabien Mira Denis Zanko (actuel responsable du centre de formation du Mans) et dernièrement [[Philippe Cuervo]] un ancien du centre de formation et adjoint d’[[Albert Emon]] à Cannes.
Dans votre commentaire, vous parlez du Bataillon de Joinville. Racontez-nous...
Là encore cela tient du film fantastique… Au printemps 1988 je pars avec l’ASSE pour disputer un match de championnat de D3 au Racing. Repellini nous explique que Roger Lemerre est dans l’assistance qu’il vient faire sa pêche pour la prochaine promo du Bataillon de Joinville qu’il est venu pour certains joueurs du Racing mais on ne sait jamais... Alors comme moi je suis à la découverte de tout je demande à mes coéquipiers : c’est qui Lemerre ; c’est quoi le Bataillon de Joinville… Bref le vrai blond de base à la découverte des paillettes footballistiques… Au final on gagne 3 à 1 je crois me souvenir que je marque deux buts et à la fin match qui se pointe dans nos vestiaires et qui demande à parler à bibi ? De cet accord verbal suivra l’intégration à la promo 88-89 exceptionnellement de décembre à décembre. Entre temps j’ai été prêté au Puy en D3 et je me retrouve au BJ avec [[David Ginola]] [[Jean-Luc Dogon]] (Racing) [[Michel Pavon]], [[Eric Assadourian]] (Toulouse) [[Patrick Valéry]] (Monaco), [[Eric Sikora]] (Lens), [[Nicolas Sachy]] (Nancy,) [[Pascal Fugier]] (Lyon), [[Jean-Luc Courtet]] (Auxerre)… bref des mecs qui vont font ou feront la coupe d’Europe ou encore le bonheur de l’équipe de France… bref que du normal pour moi qui jouait encore trois ans auparavant en district Rhônes-Alpes
Quel est le meilleur souvenir de votre carrière?
La montée en D2 avec l’USJOA Valence et notre victoire 3 à 1 en championnat face à l’OM (en 94) alors que [[Fabien Barthez]] (de Lavelanet tout comme moi) est dans les buts.
Avez-vous des regrets par rapport à votre parcours?
Absolument aucun… J’ai eu la chance de vivre une expérience incroyable avec certainement beaucoup moins de qualités techniques que la très grande majorité des joueurs (sauf mon jeu de tête peut-être) mais avec un mental à toute épreuve. J’ai pris comme ça venait sans me poser de question et vivant tout à fond… pour ne rien regretter justement !
Avez-vous un message à faire passer aux joueurs d'aujourd'hui?
Qu’ils n’oublient pas une chose : le football est avant tout un jeu que l’on doit prendre du plaisir à le pratiquer et que l’on doit rendre ce plaisir à celles et ceux qui viennent dans les stades.
Questionnaire:
Quelle est votre équipe préférée ?Barcelone son football et le respect que dégage son entraîneur. Quel est votre joueur préféré?Lionel Messi simple et talentueux tout comme Zinedine Zidane lorsqu’il jouait. Dans quel championnat étranger auriez-vous aimé jouer?L’Angleterre pour son engagement et son respect des hommes sur le terrain Votre stade préféré? Geoffroy Guichard bien évidemment Quelle est votre musique préférée? Celle que vous naimez pas?La Pop rock surtout Muse et U2… je déteste le Rap Qui remportera le Ballon dOr ?L’un des joueurs qui sera champion du Monde en Afrique du Sud

Jean-Marc Authié en bref

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9 février 1967
Attaquant
  • Aucun
Attaquant solide de deuxième division, Jean-Marc Authié aura réalisé une carrière honnête passant de Valence au Red Star, avant de terminer sa carrière tranquillement à Aurillac... Lire la suite...