Jérôme Molinier, un joueur sous-estimé...

Jérôme Molinier était un attaquant dont la carrière ne fut pas toujours rose, loin de là... Pourtant, il a accepté avec beaucoup de gentillesse de revenir avec nous sur son parcours.
Bonjour Jérôme Molinier, merci de nous accorder cette interview.
Bonjour et merci à vous!
Tout d'abord, votre parcours junior. Comment et où avez vous commencé à jouer au football?
J’ai commencé à cinq ans à la Base de Garons se situant tout près de mon village de Saint-Gilles en Camargue. J’ai joué là-bas car le club de mon village ne me voulait pas n’étant pas à l’école laïque. J’ai commencé comme gardien de but puis comme mes parents voulaient que je me dépense je suis passé dans le champ comme attaquant. Ensuite je suis repéré par le Nîmes Olympique club phare de la région en benjamin première année. J’y effectue toutes mes classes: minimes cadets nationaux U17 nationaux avant de rentrer au centre de formation l’année après avoir obtenu mon BAC B. J’intègre ensuite le centre de Formation du Toulouse Football Club en étant recruté par [[Serge Delmas]] où je reste deux saisons à l’issue desquelles je ne signe pas professionnel.
Vous vous révélez à Thouars, alors que vous êtes originaire de Nîmes. Comment avez-vous atterri à Thouars?
Je signe après quelques péripéties à Thouars sous la coupe de [[Bertrand Marchand]]. Il m’avait contacté très tôt en fin de saison à Toulouse mais j’avais donné ma priorité au Gazélec d’Ajaccio où je devais signer un contrat fédéral mais au bout d’un mois le contrat n’arrivant pas j’ai rappelé Bertrand qui m’a accueilli les bras ouverts. Un super club familial et compétitif. Par contre c’est un regret de ne pas avoir porté un maillot corse dans ma carrière...
Sous la houlette de Bertrand Marchand, votre équipe comporte des futurs pros comme Nicolas Goussé, Stéphane Grégoire, Pierre-Emmanuel Bourdeau, Lionel Duarte, et bien sûr vous-même. Une vraie Ãéquipe de D2 ! Racontez-nous un peu...
Oui Bertrand avait du flair un bon réseau et connaissait parfaitement le football. C’est un club qui ne disposait pas de beaucoup de moyens mais qui compensait en étant malin sur le recrutement. D’ailleurs à l’époque en même temps que moi était arrivé Stéphane Gurtler de Toulouse et qui aurait dû faire une carrière professionnelle. Il y avait également [[Laurent Cadu]] un grand Monsieur qui avait joué en professionnel à Niort [[Josip Bellanger]] à Laval [[David Granger]] et [[Xavier Benaud]] qui signèrent professionnels à Angers en 2000.
Logiquement, vous êtes sollicité par des clubs pros, et vous signez à Guingamp, en D1, où vous ne jouez quasiment pas. Pourquoi ce choix? N'était-ce pas moins risqué de d'abord tenter sa chance en D2?
Ce fut une opportunité de dernière minute je devais m’engager à Alès quand Bertrand m’a dit d’attendre un peu car [[Yvon Schmitt]] m’avait supervisé à plusieurs reprises mais [[Francis Smerecki]] souhaitait me voir à l’œuvre. Je joue un match à lextérieur avec Guingamp contre Lorient et nous gagnons 4-3. Je marque trois buts ce jour là et délivre une passe décisive. J’ai été logiquement engagé dans la foulée. Après coup je n’ai pas de regret j’ai goûté à la L1 mais je pense que j’ai aussi raté le coche cette année là… [[Francis Smerecki]] ne m’a pas fait confiance alors que j’aurai mérité je pense (sans paraître hautain) de jouer beaucoup plus.Peut-être m’aurait-il fallu une transition mais je me sentais prêt et je ne savais pas si un jour j’aurai une autre offre comme celle-ci.
Au bout d'une saison, vous signez à Troyes. Prêt ? Transfert ? Vous disputez une vingtaine de matchs mais marquez relativement peu. Pourquoi ?
Trois mois avant la fin de saison à Guingamp je suis victime d’une pubalgie très tenace et je suis arrêté alors que jétais en tête des buteurs du groupe D (N2 à l’époque). En fin de saison Guingamp décide de me prêter; j’ai le choix entre Lorient et Troyes. Je signe blessé à Troyes et rate le début de championnat mais je m’accroche et je joue malgré la douleur mais je suis utilisé par Alain Perrin comme milieu excentré gauche. Je ne ferai aucun match comme attaquant…d’où un nombre de buts réduit cette année là avec 5 réalisations.
Toujours au bout d'un an, vous signez à Créteil. Pendant deux saisons, vous jouez en National. Racontez-nous cette expérience...
Je signe en effet à Créteil (Un an et non deux...) mais je devais signer ailleurs. Au risque de me mettre des personnes à dos voici ce qu’il s’est passé:A l’époque est créé le premier salon pour les agents de joueurs au mois de mai. Gueugnon contacte mon agent de l’époque et me propose deux ans de contrat. Je suis très heureux et je souhaite m’y rendre nous essayons de nous mettre d’accord sur le salaire donc cela traîne un peu mais cela reste des broutilles tout doit aller à son terme. Au mois de février Alain Perrin avait signifié à mon agent qu’il ne me garderait pas en fin de saison. Après une ou deux altercations avec lui… Je ne souhaitais de toutes façons pas non plus continuer! Lors du rendez-vous de fin de saison avec lui contre toute attente il me dit qu’il souhaite qu’on continue ensemble puisquil était très convaincu par ma fin de saison. Je lui réponds par la négative on se serre la main et au moment de passer la porte il me dit : « J’ai eu Mr Bernard en ligne (Manager de Gueugnon) ». A peine arrivé à la maison mon téléphone sonne mon agent tombe des nues: Gueugnon ne veut plus faire affaire… Étonnant comme pour [[Alex Di Rocco]] [[Nicolas De La Quintinie]] et peut-être d’autres… On ne peut pas réussir ailleurs au même niveau dans l’immédiat.Je signe à Créteil mais je n’ai aucune autre sollicitation. Le challenge du Président Alain Afflelou est ambitieux je souhaite relever le défi d’autant que nous avons un effectif impressionnant : [[Claude Barrabé]] [[Didier Sénac]] [[Emmanuel Hutteau]] [[Stéphane Blondeau]] [[Sammy Traoré]] [[Jean-Michel Lesage]]… Malheureusement nous finissons troisièmes derrière Sedan et Ajaccio. A l’époque seuls les deux premiers montent.
Puis Angers, non loin de Thouars, là où tout à commencé pour vous. L’air du pays semble vous faire du bien, puisque vous y restez trois saisons dont une en D2. Vous avez du apprécier de rejouer à ce niveau…
Oui une super aventure sportive et humaine. Une ville magnifique un club que j’ai plaisir à suivre encore aujourd’hui. Mais les histoires d’amour finissent mal… Au moment de la descente de L2 en National de nouveaux dirigeants arrivent et me tiennent un discours étonnant texto : « On ne compte pas te proposer un contrat pour porter les ballons après tout ce que tu as fait pour le club ». Ils souhaitent évoluer avec un très grand point d’appui et un petit qui tourne autour je ne correspond à aucun des deux profils… Petit hic il me reste un an de contrat et ils ne sont pas au courant ! J’ai une clause d’une année supplémentaire en cas du maintien du statut professionnel. Ils tombent des nues et me convoquent une semaine plus tard. Le discours est énorme : « Tu es le meilleur joueur du club depuis trois ans et on souhaite absolument que tu restes ! »… Mais je dois réduire mon salaire par deux. Je leur dis sans m’énerver que ce n’est pas envisageable que la semaine dernière j’étais mis dehors et tout à coup je suis le meilleur mais je dois faire un effort ? Si au premier rendez-vous j’avais senti de leur part une volonté réelle de compter sur moi je l’aurai fait avec plaisir car nous nous sentions biens à Angers avec ma famille. Le nouveau manager (dont je tairais le nom et qui n’a pas fait long feu) donne un grand coup de poing sur la table devant mon refus et nous allons au clash. Nous négocions dans le mois qui suit mon départ je dois signer à Clermont tout est prêt et…rebelote. Je suis cassé de partout mon image est ternie dans tous les clubs. Je suis très attiré par l’Angleterre et pendant six mois j’irai de clubs en clubs faute d’une proposition suffisamment intéressante. Je joue pourtant 12 matches et inscrit 9 buts avec Luton Plymouth Queen’s Park Rangers Dunfermline et Saint Johnston. A l’époque ma femme vient d’accoucher et je décide de m’engager à Gap pour 6 mois. Je rejoins Trélissac l’année suivante .
Ensuite, Concarneau. Le projet du club vous a séduit? Vous restez quatre ans, à l'exception d'une pige à Quimper (Pourquoi?). Enfin fixé?
Ma femme est concarnoise et lorsque je me retrouve contacté par Concarneau je vois ça d’un bon œil puisque nous souhaitons avec Cathy nous poser enfin. Je joue deux ans à l’USC puis je fais une pige d’un an avec mon ami [[Ronan Salaün]] qui reprend le club de Quimper en tant qu’entraîneur. Je reviens sur Concarneau six mois et j’arrête sur un coup de tête au sens propre comme au figuré...
Et bien non! Trois dernières saisons à Trégunc. Où ce trouve cette commune ? Pourquoi ce club méconnu ? Est-ce dans le cadre de votre reconversion ?
Le club de ma vie ! Une histoire d’amour qui finit bien. Beaucoup de mes amis jouent à Trégunc surtout un Yann Le Roux avec qui j’ai toujours eu envie d’évoluer. C’est lui qui me donne le goût de reprendre. Trégunc est une commune qui touche Concarneau et qui est entraînée par [[Stéphane Guivarc’h]] ! Nous montons coup sur coup avant de réaliser une année pour le maintien mais avec un gros parcours en coupe de France à la clé perdu 3-2 contre les Herbiers (CFA) alors que nous menions 2-1 à cinq minutes de la fin ! Pour un projet personnel nous « immigrons » le cœur brisé de quitter la Bretagne sur le bassin d’Arcachon où j’effectue une dernière saison à Lège Cap-Ferret pour une dernière montée. Maintenant ce sont les matchs à la télé et le vendredi soir en vétérans à Arcachon...
A propos de reconversion, que faites-vous aujourd'hui?
Aujourd’hui je travaille dans l’immobilier et parallèlement je viens de sortir un logiciel de football permettant la récupération et la gestion des statistiques des U 13 aux professionnels. Je suis accompagné d’amis fidèles : [[Sébastien Le Paih]], David Dos Santos, Emmanuel Drézen et de mon frère Eric.
Si vous deviez citer une anecdote de votre parcours (Ou plusieurs...), laquelle choisiriez-vous?
Mon premier match en L1 à Monaco et la montée en L2 avec le SCO d’Angers.
Vous n'avez disputé qu'un seul match en D1. Pas de regrets?
Un peu mais cest passé à présent...
Si vous aviez la possibilité de revenir au centre de formation, referiez vous une carriè¨re pro ?
Oui mais je my prendrais autrement.
Suivez-vous toujours le football professionnel ? Quel regard portez-vous sur celui-ci ?
J’ai voulu chasser le football de ma vie mais quand on a un ballon dans la tête difficile de ne pas faire autrement! Aujourd’hui j’y reviens avec Footbase et j’espère que ça va durer. Je suis tous les résultats à tous niveaux mais aussi les clubs dont je suis fan: Marseille et Manchester. Le football évolue en même temps que la technologie les joueurs ont changé aussi en terme d’état d’esprit pas toujours comme il faudrait. Mais le foot reste le foot et je prends énormément de plaisir surtout en regardant le foot anglais.
Avez-vous des passions en dehors du football ?
La famille les amis les bons petits restaurants aller au cinéma jouer aux jeux de cartes (Belote tarot quinche poker…) surfer sur Internet la chasse sous-marine.
Quelle est votre équipe préférée ?
L’OM et Manchester United.
Quel est votre joueur préféré ?
[[Eric Cantona]].
Dans quel championnat étranger auriez-vous aimé jouer ?
En Angleterre!
Votre stade préféré ?
Le Vélodrome...
Quelle est votre musique préférée ? Celle que vous n'aimez pas ?
U2 Noir Désir Muse Depeche Mode… Je n’aime pas le Jazz.
Qui remportera le prochain Ballon d'Or ?
Je vais être original : Messi!
Un petit mot pour la fin, un coup de coeur ou de gueule ?
Coup de cœur à ma femme qui me supporte (dans tous les sens du terme depuis des années!!!). Merci Cathy.

Jérôme Molinier en bref

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2 octobre 1973
Attaquant
  • Néant
Attaquant voyageur, Jérôme Molinier n'aura jamais eu l'occasion de se mettre en valeur en D1, voire en D2. Pourtant, il y a fort à parier que ce dernier eût mérité davantage de chance... Lire la suite...