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Le Rafale, chasseur "Made in France" aux 7 000 emplois

Le 31 janvier 2012 par Hassan Meddah | L'Usine Nouvelle n° 3265
Rafale - Merignac
© D.R. - Dassault Aviation

  Pour la première fois, l'appareil de Dassault remporte une victoire à l'exportation, en Inde.  Avantage ou inconvénient, l'avion de combat est presqu'à 100 % made in France. Et fait travailler près de 500 PME dans de nombreuses régions françaises.

On connaît le modèle Meccano d'assemblage des Airbus, celui du Rafale n'en est pas si éloigné. À cette différence près que l'avion de chasse est presque totalement fabriqué en France. "Excepté quelques composants électroniques non sensibles achetés aux États-Unis pour des raisons de coût, l'ensemble du Rafale est produit en France", souligne Stéphane Fort, le porte-parole du groupe. Ainsi, les ailes en fibre de carbone sont fabriquées à Martignas-sur-Jalle (Gironde), le fuselage central en région parisienne à Argenteuil, les commandes de vol à Argonay (Haute-Savoie), l'avionique dans l'usine de Thales du Haillan (Gironde)... Toutes les pièces convergent ensuite à Mérignac, le site d'assemblage final.

Ce schéma industriel franco-français est spécifique au Rafale. Dassault Aviation sous-traite globalement plus de 20 % de son activité auprès d'équipementiers étrangers, en raison de son activité principale liée à la production d'avions d'affaires. Selon l'avionneur, pour une cadence de production de 11 appareils par an, le programme Rafale emploie au total 7 000 salariés directs et indirects. Un volume d'emplois a priori sécurisé au moins jusqu'en 2020, année où l'avionneur aura livré le dernier des 180 Rafale commandés par la France.

Deux grands partenaires et 500 sous-traitants

Un cycle de vingt-quatre mois est nécessaire pour fabriquer un Rafale. Il se décompose en trois parties équilibrées : un tiers pour la fabrication des pièces primaires, un deuxième pour l'assemblage des sous-ensembles et le dernier pour l'assemblage final. Mais en deçà de la cadence de 11 unités par an, certains sous-traitants seraient en sous-charge et menacés. Dassault Aviation s'interdit alors de peser plus de 40 % de l'activité de ses sous-traitants pour éviter de les fragiliser en cas de forte variation de l'activité. Ces emplois sont équitablement répartis. La moitié est employée par Dassault et les deux grands partenaires du "team Rafale", Thales et Safran. L'autre travaille dans les 500 PME sous-traitantes.

"Les principales pièces du moteur nous viennent de notre usine de Corbeil-Essonnes (Essonne), indique Didier Desnoyer, le directeur de la division des moteurs militaires de Snecma (groupe Safran). Nous travaillons en complément avec un important réseau de sous-traitants français." Parmi la centaine de fournisseurs du motoriste figurent entre autre des PME comme Micro Mécanique Pyrénéenne, Forge de Bologne, Exameca... Côté Thales, chargé de la production d'environ 25 % de l'avion, le Rafale génère de l'activité sur de nombreux sites : le radar est assemblé à Pessac (Gironde), les transpondeurs à Colombes (Hauts-de-seine), la production des écrans à cristaux liquides à Moirans (Isère)... Les grandes régions de l'aéronautique se taillent la part du lion en assurant les trois quarts de la sous-traitance industrielle en volume de chiffre d'affaires. Ainsi, l'Île-de-France capte environ 33 % du volume de travail associé au Rafale, tandis que l'Aquitaine et Midi-Pyrénées représentent chacune un peu plus de 20 %, le solde étant éparpillé entre les autres régions.

Mais la plupart des usines qui fabriquent le Rafale sont duales, donc à vocation militaire et civile. Ainsi, l'un des plus importants sites de Dassault, celui d'Argenteuil avec plus de 1 000 salariés et 50 métiers différents représentés, produit les fuselages de l'avion. Et assure également la fabrication des cockpits de tous les jets d'affaires Falcon. Le site de Poitiers, plus modeste lui, fabrique les verrières des avions militaires et réalise les plans horizontaux des avions Falcon depuis 2008

LES PRINCIPALES USINES
LE TRONÇON ARRIÈRE ET LA DÉRIVE DASSAULT AVIATION Biarritz (Pyrénées-Atlantiques) Principal centre d'expertise et de fabrication des pièces composites, le site est chargé des tronçons arrières, des gouvernes et de la dérive.
LES AILES DASSAULT AVIATION Martignas (Gironde) Fortement doté en robots, le site assure l'assemblage et le test des voilures (aménagement des circuits hydrauliques et électriques) de tous les avions civils et militaires de la société.
LES COMMANDES DE VOL DASSAULT AVIATION Argonay (Haute-Savoie) Le site est spécialisé dans la production et la réparation des équipements électroniques, mécaniques et hydrauliques des commandes de vols (manche, cervo-commande de direction...)
LE RADAR ET L'AVIONIQUE THALES Étrelles (Ille-et-Vilaine), Pessac (Gironde), Le Haillan (Gironde) La production du radar à antenne active est réalisée sur les sites d'Étrelles pour les composants en microélectronique et à Pessac pour l'assemblage. L'avionique du cockpit est réalisée au Haillan.
LES MOTEURS SAFRAN Villaroche (Seine-et-Marne), Corbeil-Essonnes (Essonne) L'équipementier assemble en deux mois un moteur M88 dans son site de Villaroche. L'essentiel des pièces est fourni par son usine de Corbeil-Essonnes.
LE FUSELAGE DASSAULT AVIATION Argenteuil (Val-d'Oise) Depuis soixante ans, Argenteuil fabrique et aménage les fuselages des avions militaires de Dassault Aviation. Avec au total plus de 3 500 cellules à son actif, le site est le pilote industriel de cette activité.
LA VERRIÈRE DASSAULT AVIATION Poitiers (Vienne) L'usine assure la production et la réparation de verrière d'avions de combat, ainsi que leur conditionnement pyrotechnique pour se désintégrer en cas d'éjection du pilote.
L'ASSEMBLAGE FINAL DASSAULT AVIATION Mérignac (Gironde) L'opération d'assemblage occupe un tiers du cycle de fabrication de l'appareil, soit environ huit mois. Renforcé par un bureau d'études de soutien à la production, le site assure également les opérations de peinture et d'essais en vols.

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