Mort d’Olivier Magnenat, jazzman aventureux et pilier de l’AMR
Hommage | Le contrebassiste s’est éteint dimanche. Il avait 60 ans.© DR | Olivier Magnenat était l’un des fondateurs de l’AMR, l’association genevoise pour la musique improvisée.
Luca Sabbatini | 01.03.2011 | 18:35
Avec la disparition d’Olivier Magnenat, survenue dimanche 27 février des suites d’une maladie, le jazz genevois perd l’une de ses grandes figures. Un pilier, même, sur lequel l’AMR, l’association pour la musique improvisée du 10, rue des Alpes, s’est longtemps appuyée. Contrebassiste de formation, Olivier Magnenat était bien plus qu’un simple musicien: un pédagogue attentif, un animateur infatigable, un militant tenace, mais aussi «passionné de foot et de vélo, et un viveur qui cuisinait extrêmement bien», se souvient Pierre Losio, vice-président du Grand Conseil genevois, qui a lutté pendant quarante ans aux côtés d’Olivier Magnenat pour la défense des musiques improvisées. «Il appartenait au petit groupe de musiciens qui avait eu l’idée de l’AMR en 1973, poursuit Pierre Losio. Avec Maurice Magnoni, Claude Tabarini, Philippe Nicolet ou Alain Monnier, ils étaient partis en retraite l’année précédente dans la vallée de Joux pour travailler la musique de façon collective.»
Né le 22 mai 1950, Olivier Magnenat étudie la contrebasse aux Conservatoires de Genève et de Lausanne. N’oubliant jamais sa formation classique, il participera à plusieurs tournées avec l’Ensemble instrumental de Lausanne dirigé par le chef de chœurs Michel Corboz. Par contre, c’est en autodidacte qu’il s’initie au jazz et à l’improvisation. Olivier Magnenat se produit dès les années 70 dans toute l’Europe. L’un des fondateurs de l’AMR, il organisera les premiers ateliers de l’association, qui ont formé au fil des ans des centaines de jeunes musiciens improvisateurs. Il enseignait également au Conservatoire populaire de musique.
Dans les années 80, le contrebassiste joue dans Under Control, un «groupe complètement destroy», assure Pierre Losio. Olivier Magnenat tourne dans toute l’Europe, aux Etats-Unis et au Canada avec le Christy Doran Quartet. Kutteldaddeldu, trio très expérimental qu’il forme avec le pianiste Jacques Demierre et le saxophoniste Urs Blöchlinger, a lui aussi connu son heure de gloire, de même que Tenue de Ville. En 1999, le contrebassiste forme YOC, avec le tromboniste Yves Massy et le pianiste Christophe Tiberghien.
Plusieurs fois président de l’AMR, Olivier Magnenat «s’est toujours soucié du statut des musiciens», soutient Pierre Losio. «Sous ses aspects bourrus, c’était un homme très sensible et généreux. Il ne laissera pas seulement une trace musicale, mais aussi une trace dans cette génération qui a créé l’AMR, le Festival de la Bâtie, PTR… Il a beaucoup donné.»
Olivier Magnenat était marié et avait deux enfants. Une cérémonie aura lieu le vendredi 4 mars à 15 heures au centre funéraire de St-Georges.