Social-Eco

Social-Eco - le 2 Juin 2010

politique

Un projet au ton marqué à gauche

Adopté lors de la convention du PS, le texte pour un nouveau «modèle économique et social» réhabilite les thèmes traditionnels de la gauche, tout en entretenant le flou sur de nombreux points.

L ’avenir dira si la pierre posée dimanche dernier est la première d’une construction permettant au PS de reconquérir le pouvoir d’État. Toujours est-il que les leaders socialistes ne boudent pas leur plaisir d’avoir réussi à adopter à l’unanimité leur projet d’alternance pour 2012, lors de leur convention « Pour un nouveau modèle économique, social et écologique ». Un texte dont la tonalité, censée donner corps à un « réformisme radical », n’est pas pour déplaire à nombre de militants socialistes déboussolés par les thèses social-libérales qui ont influencé le PS des années 2000, à base de reflux du rôle de l’État protecteur (la fameuse formule « l’État ne peut pas tout » de Lionel Jospin) et de laisser-faire face au marché.

Dénonciation du « capitalisme financier », des écarts « injustifiables » de revenus et de la « concurrence », exaltation des « valeurs du socialisme » (l’égalité, le progrès social, l’internationalisme, etc.) : le texte plaide pour le « retour du politique » face aux marchés et fait la part belle au vocabulaire traditionnel de la gauche apte à rassurer son électorat. Et pour mieux assumer la rupture avec les accommodements libéraux, le texte socialiste n’hésite pas à esquisser l’autocritique de la gauche plurielle qui n’a « pas suffisamment engagé le changement profond de modèle de société », ni à se démarquer de la social-démocratie européenne accusée d’avoir « cédé du terrain à l’idéologie de ses adversaires ».

Sur le fond, le texte tire des leçons de la crise du capitalisme en réhabilitant nombre de thèmes stigmatisés comme « archaïques » par les tenants d’une « modernité » libérale : le texte se prononce ainsi pour un retour affirmé de la puissance publique dans l’économie. Il fustige le « renoncement de l’État à orienter le système productif et à limiter l’ouverture des marchés », et plaide pour une nouvelle « stratégie industrielle », via la création d’un « comité prospectif », sorte de nouvel outil de planification associant chefs d’entreprise, universitaires, chercheurs et salariés. Les questions du redéveloppement des services publics, de la réforme fiscale, de la hausse des revenus et de la conversion écologique de l’économie imprègnent le texte.

Concilier nouveau modèle et réalisme

Pour autant, pas question pour le PS, qui épingle la droite sur le dérapage des déficits, d’être taxé de « dépensier » avec les deniers publics et de laisser ternir son image de gestionnaire sourcilleux. « Il n’y a pas, d’un côté, le nouveau modèle dont chacun rêve, mais que nous n’aurions pas les moyens de construire, et de l’autre, les contraintes de la réalité à gérer au mieux », affirme-t-il. Mais « à modèle constant, c’est-à-dire à politiques budgétaires inchangées, ces problèmes (le chômage, les inégalités, les déficits – NDLR) sont insolubles » : il faut donc oser une politique de relance.

Reste que le projet reste allusif sur de nombreux points. Des pans entiers sont à peine abordés, comme l’éducation, qui fera « l’objet d’une prochaine convention » du PS, ou la santé. Le document indique des directions, mais sans préciser vraiment les moyens, par exemple sur l’agriculture pourtant pilier de tout « nouveau modèle » de développement. Cela dessine en creux les manques ou les contradictions non dites du PS. Ainsi sur la construction européenne en crise, le PS plaidant pour un « renforcement du rôle politique de l’Eurogroupe face à la Banque centrale européenne » (BCE)… mais sans mettre en cause l’indépendance véritablement problématique de cette dernière, sacralisée par les traités qu’il a approuvés.

Sébastien Crépel

Poster un nouveau commentaire

Pour poster un commentaire, veuillez d'abord créer un compte.
2 commentaires
Vous devez vous identifier ou créer un compte pour écrire des commentaires.

Girouettes à gauche, girouettes à droite !

Finalement il est garanti que nous retrouverons un peu prés les mêmes aux manettes du ballon "dirigeable". J'attends beaucoup plus du projet communiste ou du front de gauche qui pourrait être un formidable levier de décisions à prendre pour changer le quotidien et la vie ordinaire de gens qui sont presque chaque jour obliger de se la fermer pour obtenir un peu de pain en fin de mois quand d'autres font faire la moisson et récolte tout le blé.
Chaque citoyen est en capacité de faire un petit morceau d'un grand programme progressiste, apportant dans ses témoignages et ces morceaux de vie, de joie et de souffrance matière à transformer et ouvrir d'autres possibles. Pour ma part depuis 1997, je milite pour la libre circulation des individus, la mixité sociale, une autre politique du logement, de l'ubanisme et de l'aménagement du territoire, pour virer des autoroutes tous les réseaux de distributions actuels et créer d'autres réseaux propriété collectives des producteurs et je pense que c'est l'état qui peut aider et favoriser, un controle de la distribution et de la grande distribution, à la fois par les producteurs, le consomateurs et les politiques locaux régionaux et nationaux. Ce serait le juste retour de politiques qui ont favorisé et fabriqué la fortune de grandes familles maintenant indéboulonnables et intouchables. D'autre part je milite également pour la création d'une grande caisse d'action et d'activité sociale financée par un prélévement direct sur le chiffre d'affaire, "indépendante des politiques et gérée par les citoyens et les syndicats". Sur le plan énérgétique et des télécommunications, c'est à l'état de controler en monopole ses secteurs, je suis désolé et n'en déplaise au gros homme de droche DSK, mais la libéralisation de ses secteurs n'a rien apporté de positif ni de constructif en Europe, si ce n'est baisser son froc pour mieux se faire prendre dans la spirale du grand capital et de la foire au fric qu'est l'Europe.
Maintenant un grand message amical à quelques policards professionnels que j'ai pu cotoyé, pour ce que vous faites pour nous, vous etes bien trop nombreux, et bien gras comme des cochons, il vous manque un bon diéteticien nutricionnel à la cuisine de la république...comme j'en connais quelques uns qui n'ont jamais rien branlé, par contre ils ont toujours eu de fric quand ce ne sont pas des emplois fictifs ou arrangés.

Exemple

Il serait nouveau que les précaires, les intermittents du travail puissent avoir un lissage de leur impositions sur plusieurs années ! L'imposition qui leur est parfois faite est injuste !

Options d'affichage des commentaires

Sélectionnez la méthode d'affichage des commentaires que vous préférez, puis cliquez sur "Sauvegarder les paramètres" pour activer vos changements.