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Social-Eco - le 1 Juillet 2010

Retraites : la propagande du gouvernement ne passera pas par l'Humanité

Avant même que le Conseil des ministres et a fortiori le Parlement n'aient statué, le gouvernement a décidé de lancer une grande campagne de vulgarisation de sa contre-réforme régressive des retraites. Sur fonds publics est déployée, depuis quelques jours dans les grands médias audiovisuels et dans la presse écrite, une propagande sur les prétendus « bienfaits » du projet gouvernemental. Quatre pages de « publicité propagande » sont offertes à tous les journaux de la presse écrite.

 

Cette campagne a été proposée à l'Humanité. Nous l'avons refusée. Non pas que nous disposons de trop de recettes publicitaires. Non pas, non plus, que nous contestons au gouvernement le droit de communiquer sur ses projets et sur des lois déjà votées. Nous avons d'ailleurs apprécié que les états généraux de la presse aient permis à la presse écrite de bénéficier de plus de communication gouvernementale. L'Humanité souffre malheureusement de trop de discrimination en matière d'investissement publicitaire. Quelles que soient nos opinions, le média qu'on écoute, qu'on regarde ou qu'on lit, nous payons chacune et chacun la part de communication publicitaire pour chaque produit de consommation ou pour la communication institutionnelle. S'agissant d'une campagne de l'État, sur un sujet d'intérêt commun, ce sont les contribuables donc tous les citoyens qui la payent.

 

 Ici, il s'agit de tout autre chose. Sur le thème « Réussissons une réforme juste », « Tout comprendre sur la réforme des retraites », il s'agit d'une communication à sens unique sur un projet gouvernemental qui n'est même pas acté par le Conseil des ministres et encore moins par le Parlement. Ajoutons qu'aucun grand débat public contradictoire dans les médias du service public n'est organisé.

 

Cette propagande fait croire qu'il s'agit d'une « réforme juste » qu'elle crée de « nouveaux droits », qu'elle est « équitable », « solidaire », « efficace ». Autant de termes que nous contestons et qui sont contestés par toutes les organisations syndicales, toutes les formations progressistes et, selon la quasi-totalité des enquêtes d'opinion, par une majorité de nos concitoyennes et concitoyens. D'autres projets de réforme existent. Á titre d'exemple, mentionnons que cette propagande dit que 3,7 milliards d'euros seront apportés par les contributions sur les hauts revenus, le capital et les entreprises. Mais jamais n'est mis en évidence le fait que les salariés apporteront 42 milliards. Pourquoi veut-on cacher que la majorité des femmes, des travailleurs et des travailleuses victimes de la précarité et bien d'autres n'auront accès à leur retraite à taux plein qu'à. 67 ans ? Et on pourrait prendre bien d'autres exemples. Ils ont été mis en lumière par les groupes parlementaires de gauche au Parlement. Pourquoi les fonds d'État ne sont-ils pas mis à disposition de tous ces groupes parlementaires pour exposer eux aussi leurs propositions ? Pourquoi de grands débats publics approfondis ne sont-ils pas organisés, notamment dans les médias publics ? Ce serait là le moyen de mettre à la disposition de chacune et de chacun l'ensemble des éléments pour qu'ils se fassent leur propre opinion en leur donnant la possibilité de choisir en connaissance de cause.

 

Comme notre journal l'a fait, et souvent seul pour d'autres projets gouvernementaux, nous publierons le texte issu du Conseil des ministres au lendemain de sa tenue. Notre rédaction l'analysera et le décryptera tout en donnant la parole à toutes les forces progressistes, syndicales et associatives. Nous ferons ouvre de démocratie jusqu'au bout. Évidemment, la décision que nous prenons ici constitue un manque à gagner financier conséquent pour notre journal. Mais il s'agit pour nous d'une question de morale et d'éthique, valeurs bien trop galvaudées par les temps qui courent ! Nous appelons toutes celles et ceux qui souhaitent comme nous une réforme progressiste juste, c'est-à-dire qui ferait participer les revenus financiers du capital au financement des retraites, qui inciterait à une politique de développement humain et de création d'emplois, à nous aider à combler ce manque à gagner en participant et faisant participer à notre souscription populaire.

 

L'indépendance de notre journal et son rôle au service du mouvement social et progressiste sont à ce prix.

Patrick Le Hyaric, directeur de l'Humanité

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8 comments

Félicitations, évidemment

J'ai suffisamment critiqué par le passé les campagnes scandaleuses publiées dans le journal (comme les pubs pour devenir actionnaire d'EDF) pour ne pas taire mes félicitations cette fois-ci.

Je retiens la remarque du camarade qui en profite pour le faire savoir à ses relations.
Il faut que ça se sache !

l'UMP est une secte impitoyable !

il n'ont peur de rien , il faudrait accepter leurs propagandes alors que la notre est systématiquement ; couper ; vérouillée ou censurée , mais ils nous faudraient faire le grand écart ! ( pour acspeter un truc pareille) , l'écran de fumé est encore en action pour nous refaire la réforme des retraites et d' oublier les affaires ! ("Woerth en tête") et toute la servitude que procure la République...! pour moi s'est touche pas a ma retraite ! redistribution des richesses du travail pour le renforcement des acquis sociaux et de la qualité de vie aux travail (EX : une usine de fonderie alu , avait juste une minable et simple fontaine d'eau pour se désaltérer et juste le temps d'en prendre une gorgé car la caméra était la pour les espionner ... BON COURAGE !! on n' est au XXI siècles ? --- ralebole de voir cette Inhumanité !! --- flagrant délit d'esclavage !

Elle ne passera pas par nous

Mon premier réflexe a été de transmettre cet article à toutes celles ou ceux qui dans mes relation se doivent de connaître cette information c’est à dire que l’huma est et ne sera jamais un journal comme les autres et que plus que jamais il faut le faire savoir autour de nous.

La réforme des retraites

Une bataille des idées d’une rare intensité c’est engagée sur l’avenir des retraites. Tout est mis en place par Nicolas Sarkozy et son gouvernement pour décourager les salariés, faire pression sur eux, tenter de les démobiliser, semer le doute et le trouble dans les esprits de chacune et chacun. Un seul et même objectif : imposer des choix de réforme des retraites qui soient inéluctables. Les messages sont bien préparés, les discours bien travaillés, les présences des militants de l’UMP et membres du gouvernement dans les médias sont journalières, la “pub” relais le message. Somme toute, tout cela est très bien orchestré. Le refus du journal l’Humanité de publier les quatre pages de publicité du gouvernement est un acte de courage contre la “propagande” gouvernementale .
Les propositions du gouvernement sont aujourd’hui connue de tous.
Malgré la formidable mobilisation du 24 juin qui a mis plus de deux millions de personnes dans les rues contre cette réforme. Rien n’y fait , le président et son gouvernement restent de marbre malgré les affaires qui touchent les membres du gouvernement, Woerth en tête.
L’enjeu est important, le président de la république et son équipe veulent aller vite très vite. Il ne veulent surtout pas que les salariés prennent conscience qu’il est possible de faire autrement , qu’il existe d’autres propositions qui vont dans le sens d’un progrès social.
Engager un grand débat national sur les retraites son avenir, mérite de prendre le temps il n’y a pas urgence! pourquoi une telle frénésie du gouvernement ? sinon que de répondre aux intérêts de quelques uns, du “fric” roi et du MEDEF, qui n’a jamais digéré la retraite à 60 ans et qui prône un retour rapide à 65 ans. Comme le déclarait Madame Parisot, “il faut sortir de ce tabou symbolique”, en parlant de la retraite à 60 ans, bref revenir cent ans en arrière au “bon vieux temps ou les salariés mourraient avant d’atteindre l'âge de la retraite”.
Pour beaucoup de salariés déjà, l’idée qu’il n’est pas possible de faire autrement gagne du terrain, les amies, les collègues, les voisins discutent mais pour autant chacun reste sur l’expectative d'éventuelles propositions communes à tous. Il reste l’alternative syndicale, mais est-ce suffisant ? Je ne le crois pas .
Comme d’autres la CGT propose des pistes et des solutions réalistes qu’il convient de faire vivre: garantir la possibilité de prendre sa retraite dès 60 ans, des pensions d’au moins 75% du revenu net d’activité pour une carrière complète,faire contribuer tous les revenus, une autre politique de l’emploi, ou encore augmenter et moduler les cotisations patronales. A partir des propositions de tous et de chacun, Il serait vital de construire un front commun, une plate-forme commune à tous les syndicats et partis politiques de gauche, afin de répondre de manière cohérente et durable garantissant et renforçant le système par répartition.
Il ne faut pas laisser ni l’UMP ni le P.S seuls sur le terrain. Avec un P.S qui risquerait s’il arrivait de nouveau au pouvoir de ne rien remettre en cause, comme il a fait avec la réforme de 1993 (dite Balladur) si par “malheur le projet gouvernemental était mis en vigueur” .
Je le vois bien sur le terrain de la bataille des idées, le terrain reste à conquérir, l’enjeu est fondamental, à nous tous de construire notre avenir sur les retraites dans un “front commun de gauche”, pour ne pas laisser un” bipartisme “s’installer dans un débat UMP PS . La proposition de loi déposée par le groupe communiste à l’assemblée nationale peut-être un point d’appui important pour les luttes à venir.

Jacques Reverchon.
Syndicaliste Cheminot

INDEPENDANCE

BRAVO L HUMA en refusant de publier la publicité du gouvernement sur la réforme des retraites malgré vos problèmes financiers vous adoptez une position de classe que sans nul doute les travailleurs apprécieront comme un soutien sans faille à la lutte qu ils mènent et qu il va falloir poursuivre avec encore plus de vigueur contre ce funeste projet ...AUCUNE COMPROMISSION AVEC CE GOUVERNEMENT QUI DETRUIT NOTRE SYSTEME SOCIAL

Elle ne passera pas par nous

Très sage décision. Ces gens là sont tellement honnêtes et au-dessus de tout soupçon, ils respectent si bien la loi, qu'ils l'appliquent, non seulement avant son adoption par les assemblées, mais avant même sa présentation en conseil des ministres ! Vive la République.

CAMPAGNE GOUVERNEMENTALE

Evidemment, il n'était pas question d'aller à la soupe!
Cette offre de pub était , intentionnellement ou non, déplacée.
Maurice Solal, vieux communiste

CAMPAGNE GOUVERNEMENTALE

Evidemment, je salue l'acte de résistance de l'Huma.

Moi je serais curieux de savoir combien a coûté au contribuable cette propagande scandaleuse et déplacée.

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