On dit qu’une journée est nécessaire pour visiter l’ensemble des estaminets de Bruxelles. Entre la Grand-Place et les Marolles, c’est dans ces établissements souvent anciens que bat de cour d’une ville qui érige la convivialité en art de vivre.

De notre envoyé spécial.

Sitôt débarqué à Bruxelles à midi, l’homo touristicus se rend sur la Grand-Place, tout en façades au style gothique flamboyant. Il ne manque pas non plus de se faire tirer le portrait devant la statue du Manneken-Pis, ou encore de flâner au hasard des galeries couvertes. Bruxelles, bien sûr, c’est tout cela. C’est aussi l’une des capitales les plus vertes d’Europe, une ville à taille humaine, souvent brouillonne mais tellement chaleureuse. Pour s’en convaincre, il faut partir à la découverte de ces lieux conviviaux que sont les estaminets et les bistros. Qu’ils soient art nouveau, rococos, plus intimistes comme les estaminets, ou carrément branchés, ces établissements ont tous leur histoire et leurs habitués. Sur l’origine du mot estaminet, deux hypothèses s’opposent. Pour les uns, le terme viendrait du flamand Stamen qui signifie " assemblée ". Pour les autres, ce mot trouve son origine dans le mot wallon stamm, qui signifie piquet. Dans de nombreux cas, ces estaminets ont pris des noms d’oiseaux, en souvenir des moulins, autrefois abondants à Bruxelles, lesquels remplis de céréales étaient pain béni pour les volatiles.

On peut commencer sa visite des bars et autres estaminets par un détour au DNA, au 18-20 de la rue Plattesten. Fondé dans les années soixante-dix, l’endroit vaut que l’on s’y arrête rien que pour la façade aux allures psychédéliques. Autre site à découvrir, le Cirio au 18 de la rue de la Bourse. Ouvert en 1886, l’établissement cultive un petit air kitch à souhait. Enfin, impossible de passer à Bruxelles sans boire un verre À la bécasse, un estaminet situé au 11 de la rue Tabora. Une petite porte et un étroit passage qui ne paient pas de mine, et voilà le visiteur dans un univers douillet, où les boiseries ont des tons chauds. Autre haut lieu de l’identité bruxelloise : La mort subite (7, rue de la Montagne-aux-Herbes-Potagères). Stucs au plafond, banquettes en moleskine, miroirs fatigués, l’endroit attire ses habitués, qui viennent y savourer une bière.

Car la bière, on l’aura compris, qu’elle soit Chimay, Rochefort, Leffe ou encore Grimbergen, est boisson reine. Et si la France peut s’enorgueillir de posséder 365 sortes de fromages, la Belgique aligne pour sa part 1 000 types de bières, selon les régions voire les saisons. On parle ici de bière rouge (bruin bier, en flamand), issue d’un mélange de bière ordinaire avec une vieille bière ayant séjourné 18 mois en fût de chêne, de bière blanche élaborée à base de froment, dans laquelle on aura ajouté du coriandre ou des pelures d’oranges, ou encore de bière d’abbaye.

Spécialité bruxelloise, les bières à fermentation spontanée sont obtenues sans aucune levure. Le moût est exposé à l’air libre dans des foudres, et se transforme pendant deux ans sous l’action de ferments microbiens présents dans l’air de la ville. De cette fermentation on tire le lambic, la gueuze, un mélange de lambics, le faro qui mêle lambic, bière de mars et cassonade, ou encore la kriek, dans laquelle on met à macérer des griottes. Pas de doute, le pays de la bière c’est la Belgique. Ceux qui en doutent encore peuvent se rendre au Beer Mania : 174, chaussée de Wavre (métro : Trône ou Porte de Namur). Le magasin est un peu excentré mais vaut le déplacement. Au milieu de 400 types de bières artisanales différentes, le patron est là pour vous aider à choisir votre bière, et vous conseillera comme on le ferait pour un grand vin. Alors, convaincu ?

Michel Clerget

À Paris, l’Office belge du tourisme : 21, bd des capucines, 75002 Paris. Tél. : 01 47 42 41 18. Internet : http://www/belgique-tourisme. net.

À Bruxelles, l’Office de promotion du tourisme Wallonie-Bruxelles : 63, rue du Marché-aux-herbes. Tél. : 00 32 2 504 0390.