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L'Express en ligne 18/01/2007 


 Dictionnaire du corps

En dépit du nombre croissant de réflexions sur le corps, aucun ouvrage d’ensemble sur le sens et la valeur de l'être-au-monde charnel de chaque individu n’existait jusqu’à ce jour. C’est donc le désir de combler ce manque qui anime ce Dictionnaire, de même que l’espoir d’aller plus en avant dans la recherche et le souci de donner au plus large public une aide à la compréhension des enjeux du corps. Cet ouvrage vise à constituer tout à la fois un outil de travail et de formation pour les étudiants et les chercheurs concernés par le corps humain, et une oeuvre de référence fournissant à un lectorat cultivé des clefs pour la compréhension des problèmes qui nous concernent tous dans notre vie quotidienne.
Selon cette perspective générale, le Dictionnaire du corps est destiné à ceux qui, par nécessité professionnelle ou intérêt personnel, sont amenés à réfléchir sur l’existence corporelle des êtres humains : les philosophes qui, au lieu de continuer à spéculer sur l’âme et ses passions ou sur l’entendement humain et la phénoménologie de l’esprit, préfèrent se pencher sur la réalité du corps et sur la finitude de la condition de l’homme; les anthropologues et les sociologues qui, convaincus que l’existence de l’homme est d’abord corporelle, savent que chaque société dessine un savoir singulier sur le corps ; les psychanalystes qui, s’accordant sur l’importance du corps dans les fondements de la santé et dans le déterminisme des maladies, reconnaissent combien insistante, voire obsédante, est la souffrance relative au corps, dans les névroses comme dans les psychoses ; les médecins qui s’efforcent de connaître le fonctionnement du corps biologique, mais qui savent aussi que leur connaissance ne peut se borner à un savoir objectif et précis, le corps/sujet échappant à toute forme de réduction matérialiste; les juristes qui, sensibles au fait que dans la modernité a émergé une nouvelle perception de la dimension physique de l’homme, reconnaissent le besoin d’élaborer un nouveau statut juridique du corps humain ; ceux qui, du fait de leur profession ou de leur engagement, sont confrontés à des situations qui requièrent une réflexion globale et interdisciplinaire sur le corps ; l’ensemble du public cultivé et curieux, enfin, qui est sensible aux difficultés et aux inquiétudes que suscitent aujourd’hui les paradoxes liés à la surexposition (presse, publicité, pornographie...) ou, au contraire, à l’effacement de la matérialité du corps (Internet, jeux-vidéos, etc.). Tous devraient trouver dans cet ouvrage, sur les aspects qui les intéressent ou les préoccupent, une information sûre, des outils d’analyses nouveaux, des pistes de réflexions originales, des suggestions, un point de départ pour approfondir leur propre étude.

C’est pour répondre à ces différentes exigences que le Dictionnaire du corps a la particularité d’intégrer des approches différentes la philosophie, la théologie, la sociologie. l’anthropologie, la psychanalyse, l’histoire, la littérature, le droit, l’art, la médecine, la biologie. Le souci d’interdisciplinarité guide le choix des thèmes traités aussi bien que l’angle sous lequel ils ont été abordés -- de l’histoire du dualisme âme/corps jusqu’aux techniques du corps de l’analyse phénoménologique du Kôrper et du Leih jusqu’à la psychosomatique de l’analyse des troubles du comportement alimentaire jusqu’à la présentation de la place du corps dans l’œuvre de certains cinéastes et de certains artistes, etc.
Dictionnaire thématique, l’ouvrage ne se veut pourtant pas exhaustif. Illusoire et naïve, une telle prétention aboutirait à une simple accumulation d’informations, un catalogue par lui-même peu intéressant. C’est ainsi que le choix des articles a été fait en fonction de l’intérêt que telle ou telle entrée peut constituer pour une compréhension globale du corps, de son statut et de son rapport à la subjectivité. Il ne s’agit pas de reconstituer toute l’histoire du corps et de sa conceptualisation, ni de restituer l’ensemble des paradigmes à travers lesquels le corps a été pensé, mais plutôt de repérer ceux qui sont d’actualité et qui permettent une mise en perspective de l’objet « corps o. C’est pourquoi les articles du Dictionnaire ne sont pas tous de la même nature. Certains sont consacrés aux penseurs (philosophes, psychanalystes, anthropologues...) qui ont élaboré une conception spécifique du corps humain et de son statut c’est dans ce cadre que le lecteur trouvera, par exemple, des articles consacrés à Aristote, à Platon, à Mauss, à Merleau-Ponty, etc. D’autres portent sur l’étude de notions ou concepts clés tels que la maladie, la santé, le désir, l’amour, la mort... D’autres encore sont des véritables textes d’auteurs qui, tout en faisant le point sur l’état d’une notion ou d’une question, ont la marge de manœuvre nécessaire pour inclure une prise de position — je songe par exemple aux articles sur l’alimentation, l’islam, la violence, le cirque, les pleurs etc. Enfin, des articles sont consacrés à des artistes qui, comme Artaud, Bacon, Felilni, Pasolini ou Picasso, ont donné au corps, dans leur oeuvre, une place particulière et originale. Chaque article est assorti d’une bibliographie sélective, mais internationale, pour donner aux lecteurs les références des travaux mentionnés dans l’article, mais aussi pour présenter la littérature antique relative à la question traitée.

Un mot à présent sur l’ambition et le but de ce Dictionnaire du corps. Traditionnellement, en tant qu’objet situé dans le temps et dans l’espace et donc soumis, comme les autres objets du monde, aux lois de la physique, le corps a été pensé comme une substance douée d’un certain nombre de propriétés qu’on pouvait étudier d’un point de vue objectif. Ce n’est que plus récemment, que le corps est devenu aussi un objet des sciences de l’homme et de la société, le regard s’étant progressivement déplacé de l’objectivité du corps biologique à la subjectivité du corps érotique, de l’essentialisme ontologique à l’évolution culturelle et sociale des techniques du corps. D’où, une multiplication d’ouvrages qui ont cherché à redonner un statut différent au corps et une signification autre à sa place dans le monde. Certains anthropologues et certains sociologues se sont par exemple penchés sur les usages sociaux du corps et ont cherché à décrire celui-ci comme l’un des produits culturels propres à chaque société, voire comme l’un des principaux points d’impact de l’acultu ration ; certains sémiologues ont décrit le corps comme un signe ou, plus précisément, comme un système de signes certains psychanalystes ont souligné l’écart qui subsiste entre les signifiants du désir et les actualisations pulsionnelles symptomatiques et érotiques certains historiens ont porté une attention au corps en tant qu’objet capable de restituer le cœur des civilisations matérielles certains philosophes ont cherché à clarifier la place du corps dans le monde humain en montrant la présence chez tout homme, à la fois, d’un corps-objet-organique et d’un corps-sujet-intentionnel, Comment rassembler ces savoirs différents? Comment faire du corps l’objet d’une réflexion interdisciplinaire et sortir ainsi des frontières disciplinaires parfois trop étroites? Comment comprendre, finalement, ce que le corps représente aujourd’hui ?
Le corps est un objet particulier et ambigu. Chacun d’entre nous peut effectivement le contempler de l’extérieur et s’en distancier, C’est le cas du corps d’autrui un corps parmi d’autres qui renvoie pourtant à une présence différente de celle des autres objets matériels ; un corps qui donne accès à une image, à un paraître et qui, en même temps, renvoie à l’être même de la personne qui se trouve devant nous. Mais c’est aussi notre propre corps : un corps-image que nous pouvons contempler dans un miroir ; un corps morcelé, lorsque nous regardons nos mains ou nos pieds. « La nuque est un mystère pour l’œil, écrit Paul Valéry. Comment l’homme sans miroir se figurerait-il son visage ? Et comment se figurer l’intérieur de son corps si l’on ignore l’anatomie ? Que si on la connaît, l’intimité du travail de ces organes nous échappe dans la mesure où nous manquons de ce qu’il faudrait pour la voir et la concevoir. Ce n’est pas elle qui se dérobe : elle ne recule pas devant nous c’est nous qui ne pouvons nous en rapprocher. »
Notre corps est l’une des évidences de notre existence : c’est daos et avec notre corps que nous sommes nés, que nous vivons, que nous mourons c’est dons et avec notre corps que nous construisons nos relations avec autrui. Mais sommes-nous ou avons-nous notre corps? Le problème de départ lorsqu’on réfléchit au corps, c’est qu’il est bel et bien un « objet o. Pourtant, soutenir que le corps est d’abord un objet, n’implique pas nécessairement qu’on le considère comme un objet parmi d’autres, sauf à envisager, au moins mentalement, la possibilité de s’affranchir de lui. Ce qui revient à le prendre en compte depuis une instance désincarnée, qui se situerait en retrait par rapport à lui. Mais peut-on réellement mettre le corps à distance ?
La prise de conscience de l’impossibilité de cette mise à distance est sans doute pour beaucoup dans la prise de conscience progressive, dans la philosophie postkantienne, qui passe par Maine de Biran, Schopenhauer et la phénoménologie, du « corps subjectif». L’idée qui se fait jour alors, c’est que le corps ne peut pas être seulement, et peut-être pas principalement, un objet. En effet, cet objet qu’on appelle « le corps », loin d’être un simple objet d’action ou de contemplation, se voit co-impliqué dans l’action et la contemplation elle-même, comme détermination de ce qui agit ou contemple. C’est ainsi que Merleau-Ponty fait du corps le centre de « l’en—soi » et du « pour—soi » une trace dans le monde ; tin « touchant-touché », un « voyant-vu ». Il n’y a plus de limite entre le corps et le monde ils s’entrelacent dans toute sensation, ils constituent un seul et même tissu. De même, il y a une ouverture immédiate du corps propre au corps d’autrui, parce qu’il n’y a plus de corporéité simple, mais d’intercorporéité.

Avec l'aimable autorisation des éditions Puf © Puf, 2007.




Dictionnaire du corps
Michela Marzano

éd. PUF
sous la direction de Michela Marzano
1072 pages
34 €
223,03 FF

 
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18/01/2007

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